« Le gouvernement italien doit nous dire ce qu’il attend », a déclaré Michele Cercone, porte-parole de la commissaire aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, en réponse aux critiques du ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano, qui a menacé de « laisser partir » d’Italie tous les réfugiés demandeurs d’asile si l’UE ne venait pas en aide à son pays.
Au moins 17 personnes ont péri après le naufrage lundi de leur embarcation entre l’île italienne et la Libye. L’arrivée des secours a permis de sauver 206 personnes et d’éviter une nouvelle tragédie.
« Mme Malmström a adressé en mars une lettre au gouvernement italien dans laquelle elle a dit sa disposition à étudier des demandes concrètes, mais nous n’avons toujours pas reçu d’indications », a déclaré son porte-parole.
La commissaire souhaite un débat sur les problèmes posés par les flux migratoires en Méditerranée lors de la réunion des ministres européens de l’Intérieur des 5 et 6 juin à Luxembourg. Elle veut à cette occasion discuter des éléments de solidarité que les Etats de l’UE peuvent apporter.
Mme Malmström a déjà demandé à plusieurs reprises aux Etats membres de favoriser les réinstallations de réfugiés sur leur sol pour « éviter aux plus vulnérables les voyages de la mort organisés par des criminels » pour gagner les côtes de l’UE.
Ces réinstallations se font sur une base volontaire et répondent à des demandes du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), mais butent souvent sur le refus des Etats.
« Mme Malmström éprouve une certaine frustration devant ce qui pourrait se faire et ne se fait pas », a commenté son porte-parole.
L’Italie, la Grèce et l’Espagne doivent gérer des vagues d’arrivées de candidats à l’immigration sur leur territoire. Seuls les demandeurs d’asile sont acceptés et le pays d’asile doit les héberger sur son territoire.
Les migrants économiques sont en revanche renvoyés dans leur pays ou dans le pays de départ, conformément aux dispositions de la législation sur le retour des immigrés illégaux adoptée en 2008.
« L’idée que l’Italie est submergée ne correspond pas aux faits. En 2013, 430.000 demandes d’asile ont été introduites, et seulement 28.000 l’ont été en Italie, contre 125.000 en Allemagne, 65.000 en France, 54.000 en Suède et 30.000 au Royaume-Uni », a rappelé M. Cercone.
« Une fois l’asile accordé, les réfugiés peuvent circuler dans l’espace Schengen, mais seulement pour de courts séjours. Ils ne peuvent pas s’installer dans un autre pays. C’est le pays d’asile qui les héberge », a rappelé le porte-parole en réponse aux menaces du ministre italien.
Le gouvernement italien avait provoqué une crise avec la France en 2011 en laissant passer les migrants illégalement arrivés sur son territoire pour protester contre le manque de solidarité de ses partenaires. M. Alfano était alors ministre de la Justice.