Le « Villa de Pitanxo », un chalutier de 50 mètres de long ayant pour attache le petit port de Marín, en Galice, dans le nord ouest de l’Espagne, a sombré mardi matin à 450 kilomètres des côtes de Terre-Neuve, dans les eaux glacées de l’Atlantique.
Trois marins souffrant d’hypothermie ont été secourus par un bateau de pêche espagnol et ont été évacués par hélicoptère, dix ont été retrouvés morts et onze autres sont toujours recherchés.
Mais « il est maintenant improbable que d’autres survivants soient retrouvés », a déclaré à l’AFP le lieutenant Nicolas Plourde-Fleury, porte-parole des forces armées canadiennes.
L’eau est en effet si froide qu' »une personne y tombant ne peut pas tenir très longtemps », a souligné devant la presse Alberto Núñez Feijóo, président de la région de Galice.
Les recherches se poursuivent malgré tout dans l’Atlantique où les secours, qui ont mobilisé plusieurs bateaux, un avion et un hélicoptère, ont dû faire face dans la nuit à des « vagues de dix mètres » et à des vents très forts, a indiqué Brian Owens, porte-parole canadien du centre de coordination et de sauvetage.
– Pire tragédie depuis 1984 –
Cet accident est « la plus grande tragédie depuis 38 ans » pour le secteur de la pêche espagnole, a souligné le ministre espagnol de l’Agriculture et de la Pêche, Luis Planas, en référence au naufrage du chalutier « Islamar III », qui avait fait 26 morts au large de l’archipel espagnol des Canaries en juillet 1984.
Selon M. Planas, huit navires sont actuellement mobilisés dans la zone du naufrage pour tenter de retrouver les disparus. Parmi eux figurent des navires appartenant aux « autorités canadiennes » aidés par « des bateaux de pêche espagnols et portugais », a-t-il précisé.
A Madrid, les députés espagnols ont observé une minute de silence dans l’hémicycle. « L’Espagne se réveille sous le choc ce matin », a insisté la présidente du Parlement, la socialiste Meritxell Batet.
« Une fois de plus, les gens de la mer sont frappés de plein fouet » par une tragédie, a affirmé Alberto Núñez Feijóo, qui a décrété trois jours de deuil en Galice.
– « On veut juste savoir » –
Pour les proches des marins, le manque d’informations devenait insupportable près de 36 heures après le naufrage.
« On veut juste savoir s’il est vivant ou mort. Donnez-nous les noms », a imploré Carlos Ordóñez, en assurant auprès du quotidien galicien La Voz de Galicia être toujours dans l’attente de nouvelles de son neveu William Arévalo. « On sait ce qui se passe quand on tombe dans des eaux comme celles de Terre-Neuve. La survie n’est qu’une question de minutes », a-t-il déploré.
« Je suis dévastée (…) j’ai quatre enfants (…) qui me demandent quand Papa reviendra », a dit, en sanglots, à la presse, Luzmar, épouse d’Edwin Cordoba, l’un des membres péruviens de l’équipage porté disparu.
Le capitaine du bateau Juan Padín Costa et son neveu Eduardo Rial Padin font en revanche partie des trois survivants, a indiqué la mère de ce dernier à la télévision publique. « Je suis soulagé car il est vivant mais si triste car on ne peut pas dire la même chose pour tant de ses collègues », a déclaré Gloria Padin Costas.
D’après les autorités espagnoles, l’équipage était composé de seize Espagnols, cinq Péruviens et trois Ghanéens. Parmi les marins espagnols, beaucoup venaient de Galice, première région en Europe et deuxième au monde pour la production de conserves de poisson et de crustacés.
Contacté par l’AFP, le groupe Nores, propriétaire du bateau, a dit « ne pas avoir beaucoup d’informations » et ne « pas souhaiter communiquer avant la fin des recherches ».
Selon les autorités locales, 44.000 personnes dépendent du secteur de la pêche en Galice, région qui concentre 20% de la production piscicole européenne, et où transite 10% du poisson frais acheminé dans l’UE.
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