« L’Etat est garant de la qualité de l’eau (…), on ne peut pas continuer à constater des incidents », a tancé Emmanuelle Wargon lors d’un point presse, après avoir rencontré des représentants du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap) qui gère le site.
« Le Siaap est en train de travailler sur les causes (…), sur comment on fait pour passer l’été », a-t-elle ajouté, alors que ce site classé Seveso « seuil haut » en raison de risques toxiques a déjà connu depuis février 2018 trois incendies et un dégagement de fumées dû à un mélange de produits chimiques.
Cet incident arrive « au plus mauvais moment », a affirmé l’association de protection de l’environnement Robin des Bois dans un communiqué. « La Seine est en période d’étiage et les égouts de l’ouest parisien reçoivent cet été de lourdes charges de poussières de plomb consécutives à l’incendie de Notre-Dame de Paris », assure l’association.
Mme Wargon a indiqué que la qualité de l’eau rejetée dans la Seine par le site d’Achères était revenue à son niveau « habituel », alors que cinq tonnes de poissons morts ont déjà été repêchées en aval de la station depuis mercredi.
Le retour d’un taux d’oxygène « propice au développement » des poissons remonte au « vendredi 5 juillet, 16H00 », a annoncé le Siaap dans un communiqué, soit 48 heures après le départ de l’incendie.
La faune piscicole a été victime d’un manque d’oxygène après le rejet dans la Seine d’eaux chargées en matière organique, en raison de l’arrêt du fonctionnement de l’unité de retraitement incendiée.
L’analyse des impacts sur la biodiversité peut prendre « plusieurs semaines », a précisé la ministre. « Nous n’avons pas encore connaissance du préjudice, mais s’il y a préjudice direct ou indirect à indemniser, on indemnisera », a-t-elle assuré.
D’après l’association Robin des Bois, c’est le 11e incident (incendie, fuite ou rejet de méthane) sur le site d’Achères depuis le 10 avril 2017. « Ce nouvel incendie chloré démontre une fois de plus qu’en Île-de-France et en France les mesures de maîtrise des risques sont insuffisantes », a ajouté l’association dans son communiqué.
Le préfet des Yvelines Jean-Jacques Brot a indiqué qu’en vertu « du principe pollueur/payeur, le Siaap (allait) reconstituer les frayères et réempoissonner ».
Le syndicat s’est également engagé à poursuivre « si nécessaire tout l’été le ramassage des poissons morts qui pourraient encore apparaître » et va étendre la zone de ramassage « jusqu’à Triel-sur-Seine ».
Enfin, le Siaap va proposer des scénarios pouvant aller jusqu’au 31 décembre et adaptés « aux situations de fortes précipitations (…) potentielles à l’automne et au debut de l’hiver prochain », pour son usine d’Achères qui fonctionne désormais au ralenti.
Une enquête judiciaire a été ouverte, confiée au commissariat de Saint-Germain-en-Laye pour déterminer les causes du sinistre. Une enquête interne est également en cours.
Un audit de sécurité va avoir lieu sur l’ensemble des sites gérés par le Siaap.
La station d’épuration, créée en 1940 et qui s’étend sur 250 hectares, est la plus grande d’Europe et traite en temps normal 60% des eaux usées de l’agglomération parisienne. Elle n’en traite plus que 40% environ depuis l’incident.