L’explosion a eu lieu peu après minuit sur le chantier naval de Bombay (côte ouest), où le bâtiment était à quai avec 18 marins à bord, a annoncé à l’AFP un porte-parole de l’armée. L’INS Sindhurakshak a presque totalement coulé, a indiqué la Marine.
Les plongeurs qui ont pénétré dans le sous-marin n’ont détecté aucun signe de vie. « Je vous l’aurais dit s’il y avait eu un signe de vie », a déclaré à la presse le chef de l’Etat major de la Marine D.K Joshi.
Il n’a pas écarté la possibilité d’une poche d’air où se serait réfugié l’équipage. « Les signes sont négatifs mais on ne peut pas renoncer à tout espoir », a-t-il dit.
Quelques jours auparavant, le gouvernement avait annoncé le lancement du premier porte-avions conçu et construit en Inde, et le début des essais pour le premier sous-marin nucléaire du pays.
New Delhi investit des milliards de dollars dans la modernisation de son équipement militaire, dont une large partie date de l’époque de l’Union soviétique. La troisième puissance économique asiatique cherche, entre autres, à contrer ce qu’elle perçoit comme une menace croissante de la Chine.
Le ministre de la Défense A.K Antony a évoqué « la plus grande tragédie de ces derniers temps » tandis que les medias indiens remontaient au naufrage d’un sous-marin par une frégate pakistanaise en 1971 pour trouver un désastre maritime militaire aussi grave.
« La cause de l’explosion est inconnue », a déclaré un porte-parole de l’armée Narendra Kumar Vispute.
La télévision NDTV a diffusé des images floues d’une forte explosion, avec le ciel embrasé par des flammes au-dessus du chantier naval.
« Plusieurs marins ou autres personnes qui se trouvaient près du sous-marin au moment de l’explosion ont été admis à (l’hôpital) INHS Asvini avec des blessures », a ajouté le porte-parole.
Selon un autre porte-parole, PVS Satish, le sous-marin était opérationnel et avait à son bord « des torpilles et des missiles ». « C’est une perte immense », a-t-il estimé.
L’INS Sindhurakshak, dont le nom signifie « Protecteur des mers », a été rénové et modernisé il y a un an par la Russie, qui l’avait vendu à l’Inde en 1997.
Il est dépourvu des équipements les plus modernes que l’on trouve sur les bâtiments d’aujourd’hui, a indiqué à l’AFP Rahul Bedi, un expert en matière de défense qui travaille pour la revue spécialisée Jane’s. Ces types de bâtiments « n’ont pas de sortie de secours en cas d’accident, à la différence des sous-marins les plus modernes », a-t-il dit.
« Le principal problème pour les sous-marins en Inde est la perte rapide de leurs capacités. Je crois que sur 14 sous-marins à propulsion diesel-électrique, 12 seulement sont opérationnels », a-t-il ajouté.
La Marine indienne a précisé que seuls sept à neuf sous-marins étaient opérationnels à tout moment, les autres étant soit en réparation, soit en rénovation.
Un porte-parole de la société russe Zviezdotchka, qui a procédé aux travaux de réparation, a indiqué que le bâtiment était « opérationnel » et que les ingénieurs « avaient réglé tous les problèmes ». Le bâtiment est encore sous garantie russe.
« Nous avons signé en juin 2010 un contrat pour des réparations de routine et de modernisation (du sous-marin) et l’avons remis en janvier 2013 » aux autorités indiennes, a-t-il précisé.
En février 2010, un incendie avait éclaté à bord du même sous-marin, alors qu’il était à quai à Visakhapatnam (Etat d’Andhra Pradesh, sud), tuant un marin.
Le bâtiment opère avec un équipage de 53 personnes et peut naviguer sans assistance et sans arrêt pendant 45 jours, selon le site internet de la Marine indienne.
L’armée a indiqué avoir ouvert une enquête sur l’accident. Parmi les causes possibles, un haut responsable de la Marine a évoqué, sous couvert d’anonymat, le système de propulsion de l’engin.
Mais selon une source militaro-diplomatique russe, un acte terroriste n’est pas à exclure.
« Il n’est pas exclu que quelqu’un ait décidé de gâcher la fête nationale en Inde — la journée de l’Indépendance qui sera célébrée le 15 août », a déclaré cette source citée par l’agence Interfax.
Le chantier naval de Bombay date de l’époque coloniale et emploie quelque 10.000 personnes.