Après deux journées dans la rade de Pozzallo (Sicile), ponctuées de quelques évacuations médicales d’urgence, les navires ont été autorisés à entrer dans le port et tous les passagers ont pu descendre, en pleine nuit.
La décision du gouvernement italien fait suite à l’engagement de cinq pays de l’Union européenne — la France, l’Espagne, le Portugal, Malte et l’Allemagne — de prendre chacun 50 de ces migrants.
« Aujourd’hui, pour la première fois, nous pouvons dire que les migrants ont débarqué en Europe », a commenté avec satisfaction la présidence du Conseil des ministres.
La Commission européenne a cependant appelé à trouver des solutions « durables » et « mutuellement acceptées », en évoquant des « centres contrôlés » dans l’UE, où les personnes secourues seraient transférées avant d’être réparties au sein de l’UE.
L’Italie se plaint depuis des années d’être abandonnée par l’UE face à l’arrivée de centaines de milliers de personnes depuis 2013 sur ses côtes.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les migrants débarqués à Pozzallo, originaires principalement d’Erythrée et de Somalie, se trouvent dans un grand état de faiblesse: malnutrition, déshydratation, gale et séquelles des abus subis dans des centres de détention informels en Libye.
Ils sont partis de Zouara mercredi et se sont vite retrouvés à cours d’eau et de vivres. Vendredi matin, ils ont aperçu un navire et une trentaine de personnes ont sauté à l’eau pour tenter, en vain, de le rejoindre. Mais quatre d’entre eux, des Somaliens dont le plus jeune avait 17 ans, n’ont pas réussi à regagner le bateau et se sont noyés, selon le récit de leurs proches à l’OIM.
Il est cependant probable que le navire ait été conscient de leur présence: les autorités italiennes ont annoncé avoir repéré le bateau de pêche vendredi à l’aube, dans les eaux internationales mais la zone de secours maltaise.
Rome a alors tenté d’obtenir que Malte prenne les migrants en charge, mais La Valette a fait valoir que l’embarcation était bien plus proche de l’île italienne de Lampedusa que de ses propres eaux.
Deux navires militaires — l’un de la police italienne et l’autre britannique engagé dans le dispositif de l’agence européenne Frontex — ont finalement pris les migrants à bord vendredi soir.
Dans une interview au quotidien catholique italien Avvenire, l’amiral Vittorio Alessandro, ancien responsable des garde-côtes italiens, a souligné que le retour à l’usage des gros bateaux de pêche relançait le risque de naufrages dévastateurs.
Il a aussi évoqué les difficultés de ses anciens collègues face à la fermeté affichée par le gouvernement italien: « En mer il y a la règle du sauvetage comme priorité. Le reste vient après. Je pense que je partage avec tous les marins que j’ai côtoyés un embarras et un grand sentiment d’impuissance ».