Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, a souvent répété que les eaux italiennes étaient fermées aux navires des ONG venant au secours des migrants et a bloqué plusieurs d’entre eux, leur interdisant l’accès à des ports italiens, voulant forcer de la sorte l’Europe à prendre sa part en matière de demandeurs d’asile.
« Le Mare Jonio vient de se porter au secours d’un pneumatique en détresse qui coulait avec une cinquantaine de personnes à bord », a indiqué dans un communiqué le collectif Mediterranea, regroupant différentes associations d’aide.
Le bâtiment a pris la direction de l’île italienne de Lampedusa, « le port sûr le plus proche », dans des conditions météorologiques qui se dégradent, a ajouté le collectif.
« Nous avons officiellement demandé à l’Italie, dont nous battons pavillon et qui est responsable juridiquement et géographiquement, d’indiquer un port pour débarquer », toujours selon Mediterranea.
Des volontaires ont récupéré 49 migrants, dont douze mineurs, à une quarantaine de miles nautiques des côtes libyennes.
Un bâtiment des gardes-côtes libyens s’est approché du canot neumatique lors des opérations de secours.
Il n’était pas clair dans l’immédiat si le Mare Jonio n’a pas tenu compte des ordres du centre de commandement à Rome leur enjoignant de laisser les opérations de secours aux gardes-côtes libyens.
« Les personnes à bord étaient en mer depuis près de deux jours… Elles sont épuisées et déshydratées », a relevé Mediterranea.
L’Italie, avec le soutien de l’Union européenne, forment depuis 2017 des gardes-côtes libyens pour intercepter des navires de migrants, dans le cadre d’un accord controversé qui a eu pour effet de voir le nombre des arrivées de migrants en Italie diminuer de façon drastique.
Des navires d’ONG ont suscité la colère des autorités italiennes en tentant parfois d’empêcher des migrants de retourner vers la Libye, un pays ne pouvant pas être considéré pour les organisations de défense des droits humains comme un endroit sûr pour les rapatriements.
Si la demande d’accoster du Mare Jonio était refusée, il s’agirait de la première impasse dans ce domaine entre le gouvernement de Rome et un navire battant pavillon italien.
Le Mare Jonio est le seul bâtiment humanitaire privé à croiser à l’heure actuelle en Méditerranée centrale.
Les autres sont soit en radoub, soit procèdent à un changement d’équipage ou sont retenus par des difficultés administratives ou judiciaires.
348 migrants environ ont pu débarquer en Italie depuis le début de l’année, à comparer avec les 6.161 pour la même période l’année dernière.