Une loi de protection des ressources halieutiques interdit en principe de pêcher le saumon dans les rivières dans tout le Japon. Mais la Raporo Ainu Nation, une communauté aïnoue de la grande île septentrionale de Hokkaido, réclamait en justice depuis 2020 une dérogation.
En l’état actuel, les Aïnous ne peuvent pêcher le saumon qu’en obtenant une autorisation spéciale du gouverneur de ce département, et seulement dans un objectif de transmission de leur héritage culturel.
Cette action devant le tribunal de Sapporo, la capitale départementale, visait « à reconquérir des droits qui ont été retirés à nos ancêtres », avait déclaré en février devant la presse Hiromasa Sashima, un membre de la communauté Raporo Ainu Nation.
Mais leur requête a été rejetée, a confirmé à l’AFP un porte-parole du tribunal. Le président de la cour a estimé qu’un groupe particulier de personnes ne pouvait pas avoir des droits « inhérents » de pêche au saumon dans les rivières, même de façon limitée, a rapporté la chaîne de télévision publique NHK.
Les plaignants songent à faire appel, selon les médias locaux.
Après une longue période d’oppression et d’assimilation forcée, les Aïnous ont été officiellement reconnus en 2019 par le Japon en tant que peuple autochtone.
Mais cette reconnaissance légale n’a pas prévu un rétablissement de leurs anciens droits sur des terres ou la pêche par exemple. Les autorités japonaises ont ainsi argué que la demande de Raporo Ainu Nation était sans fondement juridique.
Les autorités nippones ont aussi souligné la nécessité de continuer à protéger le saumon dans les rivières – son lieu de reproduction – alors que les prises de ce poisson dans les zones maritimes du Japon diminuent.
Après l’annexion par le Japon de Hokkaido en 1869, la langue aïnoue et de nombreuses coutumes de ce peuple, jugées « barbares » par les Japonais, avaient été interdites.
La plupart des Aïnous ont ainsi progressivement perdu leurs croyances et traditions, ou les ont longtemps cachées, par peur ou par honte.
Quelque 13.000 Aïnous vivent encore à Hokkaido, selon un dernier recensement datant de 2017. Mais ce nombre pourrait être inférieur à la réalité, en raison du brassage ethnique et de la réticence de certains à révéler leurs origines aïnoues.