Près de 18 ans après la tragédie, les familles des cinq marins décédés ont l’espoir de comprendre ce qui est arrivé au chalutier de Loctudy (Finistère, ouest de la France), lors de trois semaines d’audiences qui ont débuté lundi devant la Haute Cour de Londres.
Le 15 janvier 2004, un autre chalutier français, l’Eridan, pêche à 3 ou 4 miles du Bugaled Breizh, au large des Cornouailles (sud-ouest de l’Angleterre), dans des conditions météorologiques plutôt bonnes.
« A 13h25, j’ai un appel du patron du Bugaled Breizh me disant qu’il chavire sans me dire pour quelle raison », a témoigné Serge Cossec par vidéoconférence, se rappelant les mots d’Yves Gloaguen: « Je chavire, viens vite ».
« Je lui ai demandé: +Qu’est-ce qu’il se passe?+ et il m’a répété la même chose », a raconté M. Cossec. Sa voix n’était « pas comme d’habitude », « il avait l’air de se demander lui-même ce qui lui arrivait ».
Le patron de l’Eridan lui dit de larguer ses radeaux de survie et lui demande sa position. Puis il descend prévenir son équipage que le Bugaled Breizh est en difficulté afin qu’il se prépare à aller le secourir et remonte avec son second pour appeler de nouveau le patron du Bugaled Breizh.
« Je prends le combiné et là ça grésille », la communication est interrompue, explique le patron de l’Eridan, qui n’arrivera plus à entrer en contact avec l’autre navire.
Entre ces deux appels, « peut-être une minute » s’est écoulée, estime M. Cossec.
Tout l’équipage du Bugaled Breizh (« Enfants de Bretagne » en breton) est emporté par le fond.
Seuls les corps de Patrick Gloaguen, Yves Gloaguen et Pascal Le Floch ont été retrouvés – le premier dans l’épave lors de son renflouement, les deux autres dans les eaux britanniques. C’est sur la mort de ces deux derniers que se concentre l’enquête britannique. Georges Lemétayer et Eric Guillamet ont eux été portés disparus en mer.
Les familles des victimes pensent que le chalutier a coulé après avoir été accroché par un sous-marin militaire: il se trouvait en effet dans une zone où se déroulaient des exercices militaires de l’Otan et de la Royal Navy.
Le ministère britannique de la Défense et la Royal Navy ont démenti toute implication d’un sous-marin britannique.
L’objectif de la procédure au Royaume-Uni est d’éclaircir les causes des décès, inexpliquées, sans toutefois prononcer de condamnations.