Arrivé la veille à Ho Chi Minh-Ville, le chef de la diplomatie américaine a parcouru en bateau la province de Ca Mau, où le lieutenant de vaisseau Kerry servit à la fin des années 1960 sur un patrouilleur.
« J’ai souvent navigué sur cette rivière », a commenté Kerry sur un petit hors-bord descendant le Cai Nuoc, selon le quotidien officiel Thanh Nien.
Il devait inspecter des exploitations agricoles et constater l’impact du changement climatique sur les écosystèmes fragiles du delta.
John Kerry a effectué son service militaire dans l’US Navy entre 1966 et 1970, période pendant laquelle il a été affecté à deux reprises à des missions au Vietnam. Il a été plusieurs fois blessé et décoré.
Le delta est « un endroit qui relie le passé et l’avenir des relations américano-vietnamiennes », selon un haut responsable du département d’Etat.
« Le passé est bien connu (…). Le secrétaire Kerry lui-même a servi dans la région (…). Mais l’avenir dépend de la coopération entre les Etats-Unis et le Vietnam dans le domaine de l’environnement et le changement climatique », a-t-il ajouté.
John Kerry a échangé avec des responsables locaux et des étudiants –souvent en Ao Dai, la robe traditionnelle vietnamienne– dans la petite ville portuaire de Kien Vang.
Samedi, il a salué la mue économique « extraordinaire » du Vietnam et les efforts mutuels pour refermer les cicatrices de la guerre.
« Je ne connais pas deux pays qui aient fait plus d’efforts, et mieux réussi à se rapprocher pour changer l’histoire, et changer l’avenir », a-t-il déclaré.
Il doit rencontrer lundi à Hanoï le Premier ministre Nguyen Tan Dung et son homologue Pham Binh Minh, avant de s’envoler pour les Philippines, alliées historiques des Etats-Unis en Asie du Sud-Est.
Il visitera Tacloban, dans le centre de l’archipel ravagé par le typhon Haiyan le 8 novembre, pour « voir de première main les efforts de reconstruction » auxquels les Etats-Unis ont largement contribué financièrement.
La tournée de Kerry s’inscrit dans le cadre du « pivot » stratégique décidé par le président Barack Obama au profit de l’Asie-Pacifique.
Les tensions sont vives dans la région entre la Chine et ses voisins, dont le Vietnam et les Philippines, qui lui contestent la souveraineté d’îlots et de zones maritimes en mer de Chine.
Barack Obama devait participer en octobre au sommet de l’Apec (Asie-Pacifique) à Bali puis à celui de l’Asean (Asie du Sud-Est) et de l’Asie de l’Est à Brunei, mais il avait dû annuler pour cause de crise budgétaire à Washington, laissant la Chine occuper la scène diplomatique.
La visite de Kerry est censée réparer l’absence d’Obama à ces sommets, selon Jonathan London, spécialiste de l’Asie à la City University de Hong Kong.
Elle pourrait « jeter les fondations d’une visite du président Obama à Hanoï et Manille » dans les mois à venir, avance Carl Thayer, spécialiste du Vietnam.