Aqaba, l’un des principaux ports de la mer Rouge, est la seule entrée maritime du royaume hachémite, par lequel transitent la plupart des importations et exportations jordaniennes. La ville de Aqaba est en outre une importante station balnéaire.
Une source judiciaire a indiqué mardi à l’AFP que le procureur général et une équipe d’experts de la police scientifique « examinent et récoltent des échantillons et des preuves sur le lieu de l’accident ».
Plus tôt, le Premier ministre Bicher al-Khasawneh, qui s’était rendu au port, avait indiqué à la presse avoir chargé le ministre de l’Intérieur, le général Mazen al-Faraya, de diriger l’enquête sur l’accident.
– Filin rompu –
Il avait ajouté que le port fonctionnait de nouveau « normalement », assurant qu’il n’y avait plus de concentration de gaz dans l’air.
Selon un bilan officiel, 13 personnes, huit Jordaniens et cinq étrangers, sont morts par asphyxie et 260 ont été blessées, parmi lesquelles des dizaines étaient toujours hospitalisées.
Parmi les blessés, Assadallah al-Jazi, 25 ans, employé d’une entreprise de fertilisants chimiques, raconte sous son masque respiratoire les premiers instants de l’accident.
« Nous n’avons pas entendu d’explosion mais on a senti l’odeur d’une matière toxique et avons vu un nuage jaune. Puis il y a eu des gens qui s’étouffaient », dit-il à l’AFP.
La fuite de chlore s’est produite au port lundi après-midi après la chute d’un conteneur avec du gaz liquide, selon la cellule de crise gouvernementale.
Des images télévisées montrent une grue qui transporte le conteneur, avant de le lâcher au-dessus du bateau. Après le choc, un épais nuage jaune s’en échappe instantanément, tandis que des gens tentent de s’enfuir.
D’après l’ancien directeur de l’entreprise chargée de la gestion du port, quelque 20 conteneurs de gaz liquéfié « contenant un pourcentage élevé de chlore » devaient être chargés sur le bateau.
L’adjoint au chef de l’Autorité portuaire de la région d’Aqaba, Haj Hassan, a déclaré qu’un « filin déplaçant un conteneur contenant une substance toxique s’était rompu, ce qui a entraîné la chute du conteneur et la fuite de la substance toxique ».
D’après le responsable du Tourisme et l’environnement auprès de l’Autorité de la Zone spéciale économique d’Aqaba, Nidal al-Majali, « la (faible) vitesse et la direction du vent sur les lieux de l’accident ont contribué à éviter la propagation de la matière » toxique.
Les activités du port ont repris mardi, à l’exception du quai 4, où a eu lieu l’accident, pour « pouvoir s’assurer que l’endroit est totalement sûr », a indiqué le ministre de l’Intérieur.
La ville d’Aqaba, située dans le golfe éponyme, se trouve à la frontière israélienne, à une quinzaine de kilomètres au nord de l’Arabie saoudite, tandis que la péninsule du Sinaï égyptienne est de l’autre côté du golfe, à une dizaine de kilomètres.
– Gaz « très dangereux » –
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le chlore est « corrosif pour les yeux, la peau et le système respiratoire ».
Interrogé par l’AFP, le docteur Mahmoud AlDwairi, qui travaille pour l’entreprise de conseil « Scientific Business Solutions », explique que ce gaz est « très dangereux pour la santé et l’environnement » et « réagit très rapidement en cas de contact avec l’eau ».
Son inhalation peut entraîner la mort. Le chlore est également « très toxique pour les organismes aquatiques ».
Les blessés admis dans les hôpitaux d’Aqaba souffrent essentiellement de problèmes respiratoires.
« Tous les cas se ressemblent, souffrant d’essoufflement, de forte toux et de vertige », a expliqué à l’AFP le docteur Rouba Aamawi de l’Hôpital islamique à Aqaba qui a accueilli 70 blessés.
D’autre part, le gérant des silos du port, Imad Tarawneh, a indiqué que le travail était arrêté pour deux jours le temps de s’assurer qu’ils étaient « en béton et hermétiquement fermés ».