« Compte tenu des mouvements de grève qui se déclenchent de manière intempestive, sans préavis, et avec des possibilités de reconduction, la direction de Brittany Ferries ne peut plus assurer l’exploitation des navires et la gestion des passagers dans des conditions normales », a-t-elle expliqué dans un communiqué.
La compagnie a convoqué un comité d’entreprise extraordinaire vendredi pour informer ses membres de sa décision « d’arrêter les navires jusqu’à nouvel ordre et de débarquer l’ensemble des personnels navigants à l’exception d’un personnel de sécurité », selon cette même source.
« C’est un scandale ! », a réagi le délégué CGT Michel Le Cavorzin joint au téléphone par l’AFP. « Même des gens qui ont voté la reprise du travail, on veut les sortir des bateaux », a-t-il ajouté, estimant que ça posait un « problème par rapport au droit du travail ».
« C’est une volonté de tout annihiler (…), tout cela est absolument inadmissible », a-t-il insisté, soulignant que l’électricité était en train d’être coupée à bord des navires.
La compagnie n’était pas joignable dans l’immédiat.
Dans son communiqué, La Brittany Ferries rappelle que le 13 septembre le bateau l’Armorique était resté bloqué à quai en raison d’une grève –sans préavis selon la compagnie– avant d’être de nouveau bloqué depuis jeudi soir à Roscoff (Finistère), tout comme le Cotentin à Cherbourg (Manche), le Cap Finistère (remorques et camions) à Santander, en Espagne, le Normandie à Ouistreham (Calvados) et le Mont-Saint-Michel à Cherbourg (Manche).
La compagnie indique que l’ensemble des passagers motorisés et clients fret ont été réorientés vers les compagnies de ferry opérant sur Calais (Pas-de-Calais) et Douvres (Royaume-Uni) et que ce sont quelque 8.000 passagers qui ont été touchés jusqu’à présent.
Le Pont-Aven a dû être dérouté sur Brest dans la matinée, la passerelle de Roscoff étant occupée par l’Armorique, souligne la compagnie, ajoutant que la relève d’équipage du Pont-Aven a voté une grève en milieu de journée, tout comme le Bretagne à son arrivée à Saint Malo (Ille-et-Vilaine) dans la matinée.
La Brittany Ferries, basée à Roscoff, assure que le coût de ces grèves se chiffrera en millions d’euros.
Début juin, la Brittany Ferries, confrontée à des difficultés financières depuis plusieurs années, avait annoncé la suppression de plusieurs traversées avant et après-saison, ainsi que la réduction des coûts salariaux.
Mais les syndicats ne veulent pas renoncer à certaines primes et souhaitent que la direction adopte une clause de « retour à meilleure fortune », à savoir que les efforts consentis en termes de salaires soient limités dans le temps.
La compagnie revendique 2,6 millions de passagers transportés annuellement, dont 85% de Britanniques, entre la France, la Grande-Bretagne, l’Irlande et l’Espagne.