La centrale de Fukushima continuerait de fuir (étude américaine)

Dans cette étude publiée jeudi dans la revue américaine Science, Ken Buesseler, chimiste à l’Institut océanographique de Woods Hole (Massachusetts, nord-est des Etats-Unis), a analysé des mesures de césium effectuées par les autorités japonaises sur des poissons, des crustacés et des algues prélevés près de la centrale.

Les résultats, selon Buesseler, tendraient à prouver que les taux constatés sont provoqués soit par une petite fuite persistante de la centrale, soit par la contamination des fonds marins.

C’est d’ailleurs dans des espèces dites démersales (vivant au contact du fond dans la zone marine littorale) que les plus importants niveaux de césium ont été relevés: rascasses, raies, congres, flétans, soles, etc.

Selon les conclusions de l’étude, environ 40% des poissons pêchés dans les environs de la centrale de Fukushima (nord-est) ne sont pas consommables selon les normes établies par les autorités nippones.

Le scientifique précise toutefois qu’au large du nord-est du Japon, au-delà de la zone la plus proche de la centrale, la vaste majorité des poissons pêchés restent en dessous des limites autorisées pour la consommation, même si les autorités japonaises les ont resserrées en avril 2012.

Buesseler souligne en outre, dans le numéro de Science daté de vendredi, que les niveaux de contamination dans presque toutes les espèces de poissons et crustacés ne diminuent pas. Mais ces niveaux varient selon les espèces, ce qui complique la réglementation par les pouvoirs publics.

Pour Ken Buesseler, qui avait conduit en 2011 une mission internationale de recherche sur un navire afin d’étudier la dispersion des radionucléides provenant de Fukushima, « il faudra faire plus qu’étudier les poissons pour prédire comment évolueront ces différents niveaux de contamination ».

« Nous avons surtout besoin de mieux comprendre les sources de césium et d’autres radionucléides qui continuent à maintenir ces niveaux de radioactivité dans l’océan au large de Fukushima », insiste-t-il.

Ken Buesseler et son collègue Mitsuo Uematsu, de l’Université de Tokyo, organisent un symposium à Tokyo les 12 et 13 novembre pour présenter les dernières estimations disponibles sur les émissions de radioactivité de la centrale Fukushima Daiichi, ainsi que leur impact sur l’océan, la vie marine, les poissons et fruits de mer.

Suite à un séisme de magnitude 9 et un tsunami géant, la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, située à 220 km au nord-est de Tokyo, a été gravement accidentée en mars 2011 et a émis d’importantes quantité de radiations, ce qui a forcé l’évacuation d’une centaine de milliers de personnes.

Pour Buesseler, spécialiste en chimie marine, il s’agit du « plus important rejet radioactif accidentel dans l’océan de toute l’Histoire ».

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