Les deux pays latino-américains n’ont pas de frontière terrestre mais une frontière maritime, sujet de tensions depuis quasiment un siècle, dans les eaux de la mer des Caraïbes riches en pétrole et poissons.
Managua avait amené Bogota devant la CIJ en 2001, et en 2012 gagné plusieurs dizaines de milliers de km2 qui étaient auparavant sous le contrôle de la Colombie, dans la mer des Caraïbes.
La décision de 2012 avait été vécue comme un traumatisme par Bogota, qui avait à l’époque déclaré que le pays ne reconnaîtrait plus la compétence de la cour sur les litiges frontaliers.
Le Nicaragua avait à nouveau saisi en 2013 la CIJ, qui siège à La Haye, aux Pays-Bas, alléguant des violations du jugement par la Colombie dans les vastes étendues maritimes.
Les juges de la cour ont statué en 2016 qu’elle était bel et bien compétente en l’affaire, écartant les objections colombiennes selon lesquelles ceci n’était pas le cas.
– Droits de pêche –
Les avocats de Managua ont par ailleurs demandé à la CIJ de statuer que la Colombie doit verser une indemnisation au Nicaragua « pour la menace ou l’usage de la force par la marine colombienne contre les bateaux de pêche nicaraguayens ».
Les avocats de la Colombie ont rejeté les allégations selon lesquelles la marine du pays refusait les navires de pêche nicaraguayens, et ont à leur tour accusé Managua d’interférer avec les droits de pêche des autochtones.
Ils ont affirmé que la perte de zones de pêche en raison de la décision de la CIJ de 2012 avait particulièrement affecté la communauté Raizal, une communauté anglophone et créole constituée principalement de descendants d’esclaves enlevés d’Afrique.
La présence de Bogota dans la région était « due à d’autres impératifs » comme la lutte contre le trafic de drogue et le sauvetage maritime international, ont-ils souligné.
La Cour internationale de justice a été créée en 1946 pour régler les disputes entre Etats. Ses jugements sont contraignants et sans appel, mais la cour n’a aucun moyen de les faire respecter.
Dans de rares situations où un pays refuse d’appliquer la décision de la cour, l’affaire peut alors être portée devant le Conseil de sécurité de l’ONU par l’Etat plaignant.