« Je viens d’être effectivement saisi d’une nouvelle demande d’échange de quotas par la Compagnie des pêches de Saint-Malo pour exploiter en mer du Nord un quota de merlan bleu qu’elle cible historiquement par le biais d’un navire de pêche sous pavillon polonais, l’Annelies Ilena », a confirmé le ministre devant l’Assemblée nationale, en réponse à une question du député écologiste de Lorient Damien Girard.
La Compagnie des Pêches de Saint-Malo, dont la multinationale néerlandaise Parlevliet & van der Plas (P&P) est actionnaire, avait annoncé en décembre 2023 avoir investi 15 millions d’euros pour l’installation à bord du bateau d’une unité de production de surimi. Chalutier géant de 145 mètres de long, l’Annelies Ilena bat pavillon polonais mais appartient également à la multinationale P&P.
« Deux échanges de merlans bleus ont été validés depuis le début de l’année 2024 par mon prédécesseur (Hervé Berville, NDLR) pour un total de 22.000 tonnes permettant aux navires Émeraude, sous pavillon français, de pêcher plusieurs centaines de tonnes de cabillaud arctique », a précisé le ministre.
Un nouvel échange doit porter sur 15.000 tonnes de merlan bleu en échange d’un « nouveau quota de 500 tonnes de cabillaud supplémentaires » attribué au navire Émeraude.
« Ces échanges ne constituent pas un transfert définitif de quotas de pêche qui doivent rester sous pavillon national », a souligné le ministre, ajoutant que « le stock de merlan bleu est en bon état de conservation et fait l’objet d’une exploitation maîtrisée sur la base d’avis scientifiques ».
Le stock de merlan bleu dans l’Atlantique Nord-Est est surpêché, avec des captures supérieures au rendement maximum durable, estime au contraire le Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM), un organe scientifique dans son dernier avis.
Le CIEM préconise ainsi une baisse des captures de merlan bleu pour 2025, à 1,44 million de tonnes contre 1,88 millions de tonnes capturées en 2024, selon ses estimations.
« A l’heure de l’urgence climatique et de l’effondrement de la biodiversité, le gouvernement français choisit de se soumettre aux exigences des lobbies de la pêche industrielle néerlandaise, au détriment des écosystèmes et des animaux marins qui vont voir fondre sur eux ce monstre marin qui avalera tout sur son passage », a estimé Laetitia Bisiaux, de l’association Bloom dans un communiqué.