« Ce qui se produit en Ukraine (…) renforce notre jugement. La haute intensité est une hypothèse crédible et nous devons nous y préparer car le meilleur moyen d’éviter la guerre est de s’y préparer », estime la députée Patricia Mirallès (LREM), co-auteure du rapport avec le député Jean-Louis Thiériot (LR).
Ce rapport endosse ainsi la vision stratégique du chef d’état-major français Thierry Burkhard, pour qui les conflits armés à venir seront de « haute intensité », dans le jargon militaire, soit des affrontements plus durs, à plus grande échelle, qui se traduiront par de lourdes pertes humaines.
Face à des puissances comme la Chine, la Russie ou la Turquie, qui se réarment tout en déployant des actions d’influence plus ou moins revendiquées, « la hausse de l’effort de défense doit être poursuivie et accentuée, estiment les deux rapporteurs. Le respect des marches (hausses budgétaires annuelles, NDLR) à trois milliards prévues par la Loi de programmation militaire (LPM) est un minimum et l’effort devra se poursuivre au-delà de 2025 » afin de gagner en réactivité, en interopérabilité avec les alliés et en « capacité à durer ».
Dans ce rapport, les députés préconisent notamment un « effort financier immédiat » pour la reconstitution des stocks de munitions.
« Il nous manque 6 à 7 milliards d’euros pour remettre les stocks français de munitions à niveau », a expliqué Jean-Louis Thiériot à l’Association des journalistes de défense (AJD) en avertissant par ailleurs que dans « le cas de munitions complexes, comme les missiles Scalp, le délai entre commande et livraison est de 36 mois ».
Sur le plan capacitaire, le rapport suggère entre autres d’augmenter le format de l’aviation de chasse à 215 appareils (contre une cible actuelle de 185 à l’horizon 230 pour l’armée de l’Air), de porter « dès que possible » le nombre de frégates de premier rang à 18 contre 15 prévues et de développer la robotisation dans les force terrestres.
Alors qu’une guerre majeure aurait pour conséquence des pertes humaines massives, la France doit également « planifier la prise en charge de blessés en nombre avec les hôpitaux civils », souligne le rapport.
Enfin, « pour +gagner la guerre avant la guerre+ et dissiper le brouillard des intentions dans un champ informationnel saturé », il faut « conserver la supériorité informationnelle » en renforçant notamment les « moyens de lutte contre la désinformation en opérations », souligne le rapport.