La France et l’Inde à la manoeuvre dans l’océan Indien

Un accord de coopération logistique signé l’an dernier entre Paris et New Delhi ouvre à leurs forces armées un accès réciproque à leurs bases militaires. Un assouplissement significatif destiné à renforcer les marines des deux puissances dans le Grand Jeu de l’océan Indien, l’un des axes vitaux du commerce international.

Pour une flotte, pouvoir s’arrêter dans une base navale étrangère offre de nets avantages. Ce soutien logistique « augmente forcément la capacité de projection des forces françaises, car soit il leur permet une plus grande endurance, soit il permet d’avoir un point d’appui plus central dans une zone », explique à l’AFP Mackara Ouk, commandant de la frégate antiaérienne Cassard venue ainsi mouiller cette semaine à Bombay.

Arrivé du golfe persique après avoir escorté un porte-avions américain, le navire lourdement armé et à l’équipage fort d’environ 240 personnes se prépare à repartir vers la péninsule arabique, une fois réalisé le plein de diesel et de vivres.

À l’intérieur d’une base, « il y a souvent des spécificités des bâtiments militaires qui sont bien comprises par les autres marines et que les ports civils ne prennent pas forcément bien en compte », pointe le commandant du Cassard, vêtu du traditionnel uniforme blanc.

S’étendant de l’Asie du Sud à l’Antarctique, de l’Afrique à l’Australie, l’océan Indien prend un poids géostratégique grandissant à mesure que le XXIe siècle ramène le centre de gravité de l’économie mondiale vers l’Asie.

« L’océan Indien, c’est 25% du trafic maritime mondial mais 75% des exportations de l’Union européenne. Pouvoir assurer la liberté de navigation dans cette région-là, avec un partenaire comme l’Inde, est vital », indique Alexandre Ziegler, ambassadeur de France en Inde.

– Course aux bases –

En raison de son exposition géographique, l’Inde a toujours joui d’une position prédominante dans ces mers. Mais cet avantage est aujourd’hui rogné par une présence chinoise de plus en plus affirmée, que ce soit à travers le déploiement de navires et sous-marins ou le développement d’un réseau commercial, d’infrastructures, mais également – dans une moindre mesure – militaire.

La Chine a notamment ouvert sa première base militaire à l’étranger, à Djibouti. Elle développe aussi un grand port à Gwadar, au Pakistan, et a obtenu une concession de 99 ans pour le port de Hambantota, au Sri Lanka. Un affairement qui nourrit, dans les corridors du pouvoir à New Delhi, la crainte d’un encerclement progressif.

« L’Inde voit d’un mauvais oeil la multiplication des intérêts chinois en océan Indien et la France a, elle aussi, manifesté un certain malaise par rapport aux implications de la présence chinoise dans la partie ouest de l’océan Indien », où se situent des territoires d’outre-mer français comme La Réunion ou Mayotte, note Isabelle Saint-Mézard, chercheuse spécialiste de la géopolitique d’Asie du Sud.

Longtemps presque exclusivement préoccupée par les questions sécuritaires continentales, l’Inde a donné ces dernières années un coup de fouet à sa diplomatie maritime. La coopération franco-indienne s’inscrit dans une toile plus large d’alliances nouées par le géant d’Asie du Sud pour muscler sa présence dans ces eaux qui couvrent près d’un cinquième du globe.

À travers une série de récents accords avec les États-Unis, Singapour, Oman et l’Indonésie, l’Inde « tisse un réseau de bases qui lui sont accessibles à travers tout l’océan Indien », relève Mme Saint-Mézard.

Pour Darshana Baruah, analyste à Carnegie India, spécialisée dans la sécurité maritime, l’objectif de New Delhi « n’est pas de faire la course avec la Chine mais de pouvoir protéger et sécuriser ses intérêts stratégiques et rester une puissance de premier plan dans la région de l’océan Indien ».

Les Infos Mer de M&O

Les derniers cow-boys ! Présentation et carnet de voyage du convoi terrestre (SPoT) qui approvisionne la station Amundsen-Scott.

Les cow-boys, les « wranglers » (gardiens de troupeaux), guidaient et protégeaient le bétail du point d’élevage au point de vente, d’une zone de pâturage...

Un « Thanksgiving » un peu… électrique au Pôle Sud

Par Eric Chevreuil,  Français de Los Angeles en mission sur une base américaine en Antarctique.   *** Pour nous, Thanksgiving tombe le samedi. Le premier Thanksgiving daterait...

Au cœur de la station Amundsen Scott

Le C-130 de McMurdo n’a eu de cesse de reporter son départ à cause de la météo. Finalement, il est parti à 21h00...

La station Amundsen-Scott

La station américaine Amundsen-Scott est l’habitation terrestre la plus au sud de notre planète, et non, nous n’y vivons pas la tête en...

La Fondation Jacques Rougerie missionnée pour construire le premier musée de Tuvalu

À l’occasion de la COP30, un projet inédit et hautement symbolique a été dévoilé au Climate Mobility Pavilion : la création d’un Musée pour Tuvalu, conçu pour préserver la mémoire, l’identité et le patrimoine d’un pays menacé par la montée des eaux. Au cœur de cette initiative mondiale : la Fondation Jacques Rougerie – Académie des Beaux-Arts, reconnue pour son expertise unique en architecture biomimétique et océanique.

15 novembre 1634 : premier règlement de discipline de la Marine par le cardinal de Richelieu

Dès que la capitulation de la Rochelle, en 1628, eut délivré le cardinal de Richelieu de son principal souci, il résolut de créer...

Plus de lecture

M&O 288 - Septembre 2025

Colloque Souveraine Tech du 12 sept 2025

Alors qu'il était Premier Consul, Napoléon Bonaparte déclara le 4 mai 1802 au Conseil d'État, "L’armée, c’est la nation". Comment ce propos résonne t-il à un moment de notre histoire où nous semblons comprendre à nouveau combien la nation constitue et représente un bien à défendre intelligemment ? Par ailleurs, si la technologie est le discours moral sur le recours aux outils et moyens, au service de qui ou de quoi devons-nous aujourd'hui les placer à cette fin, en de tels temps incertains ? Cette journée face à la mer sous le regard de Vauban sera divisée en tables rondes et allocutions toniques.

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.