Au lever du soleil, sous les regards de nombreux journalistes et ouvriers des chantiers navals de Cherbourg, millimètre par millimètre, Tara est descendue dans l’eau.
Mais « au moment de l’immersion de la quille, nous avons remarqué qu’un des capteurs prenait l’eau », a expliqué Ludovic Marie, directeur de projet, chargé du programme Tara.
Si les réparations doivent se terminer rapidement, le vent qui se lève, en revanche, ne permettait pas la remise à l’eau. Celle-ci est reportée à vendredi. « Nous n’avons pas d’inquiétude pour le projet, ça fait partie des aléas », a indiqué M. Marie.
La station polaire Tara, laboratoire flottant futuriste bardé de capteurs, doit dériver en Arctique de 2026 à 2045, pour améliorer la connaissance scientifique de cette région, « sentinelle du climat », particulièrement menacée.
La première mission, Tara Polaris I, partira en 2026 pour environ 500 jours.
La station est conçue pour résister à des températures extrêmes et résister aux glaces grâce à sa coque épaisse et arrondie en aluminium. Elle pourra accueillir en été jusqu’à 20 personnes, équipage et scientifiques, qui récolteront de précieux matériaux pour évaluer les conséquences du changement climatique sur l’Arctique.
L’objectif est « de documenter et de comprendre la dynamique de ces transformations, objectiver les données scientifiques et recenser la richesse de la biodiversité locale », explique la fondation dans un communiqué.
« L’exigence et l’adversité de ce milieu extrême n’a jamais permis une recherche sur la durée, toute l’année au coeur de la banquise du pôle », souligne-t-elle. « Ces connaissances futures sont porteuses d’espoir pour mieux comprendre et ainsi préserver ce qui peut encore l’être en Arctique, mais aussi ailleurs ».
En Arctique, les températures à la surface de la banquise augmentent en moyenne deux fois plus vite qu’ailleurs dans le monde. En conséquence, la banquise ne fait plus qu’un mètre d’épaisseur aujourd’hui, contre trois il y a 50 ans.
Elle devrait totalement disparaître en été d’ici 2045, selon les scientifiques, menaçant tout un écosystème.
Cinq ans de travail ont été nécessaires pour concevoir la mission et 19 mois pour construire la station.
La fondation Tara Océan, créée il y a 19 ans et reconnue d’utilité publique, explore les océans depuis 2003.