La nouvelle SNCM renaît dans un contexte tendu sur le port de Marseille

Le lancement de cette nouvelle ligne de fret, a fortiori sur un bateau battant pavillon danois et avec un personnel à bord de nationalité étrangère, a fait bondir notamment la CGT de la SNCM et de La Méridionale, les deux compagnies qui se partagent la délégation de service public entre la Corse et le continent.

La CGT de la SNCM avait qualifié d' »entrave au service public » le lancement de cette nouvelle ligne par le consortium d’entreprises corses Corsica Maritima et l’armateur français Daniel Berrebi. Ces deux candidats à la reprise de la SNCM avaient vu leurs offres écartées par le tribunal de commerce de Marseille au profit de celle de Patrick Rocca.

La CGT avait déposé un préavis de grève reconductible à partir de mardi et le Syndicat des travailleurs corses (STC) avait de son côté menacé de bloquer le port de Bastia.

« Des salariés ont utilisé leur droit de grève et empêché l’accostage du navire », a déclaré à l’AFP Frédéric Alpozzo, délégué CGT de la SNCM. Le Stena Carrier est ensuite ressorti du port de Marseille, a confirmé le Grand port maritime de Marseille (GPMM). Vers 15H00 mardi, il était toujours au mouillage dans la rade de Marseille, selon le site spécialisé de surveillance du trafic maritime marinetraffic.com.

« Il faut que le droit soit respecté par tous et il ne faut pas que ce service démarre dans de telles conditions », a ajouté M. Alpozzo: « Il y a déjà eu près de 600 suppressions d’emplois avec la reprise de la SNCM, on ne veut pas redémarrer l’année avec des licenciements ».

-Dernière traversée pour la SNCM-

« On peut s’interroger sur les motivations réelles » de Corsica Maritima et Daniel Berrebi, a estimé dans un entretien publié mardi dans La Provence Patrick Rocca. « Je suis un entrepreneur et il y aura toujours de la concurrence. Mais il faut qu’elle soit loyale, que chacun ait les mêmes armes et que le meilleur gagne », a ajouté M. Rocca.

« Depuis ce matin notre bateau, le Stena Carrier, ne peut accoster à Marseille », a de son côté dénoncé dans un communiqué Corsica Linea, la société exploitant le navire de fret battant pavillon danois. « Malgré la présence de nos représentants accompagnés d’un huissier de justice, la CGT, installée sur les chaloupes du Danielle Casanova appartenant depuis minuit au nouveau repreneur MCM/Rocca, l’a accueilli à coup de cocktails Molotov et autres engins incendiaires », a poursuivi Corsica Linea.

Ces accusations ont été fermement démenties par Frédéric Alpozzo dans un communiqué: « Ayant assisté à toutes les actions du personnel avec leur outil de travail, je peux vous assurer qu’aucun engin de ce type n’a été utilisé contre l’arrivée du navire, mais que les embarcations utilisées pour entraver pacifiquement le passage du navire se sont vu écarter par le navire et son bulbe qui est passé en force en écartant les embarcations ».

Le Paglia Orba, le bateau de la SNCM, était en revanche entré sans problème dans le port de Marseille peu après 08H00 mardi. Sa traversée de la Méditerranée, à partir de Bastia lundi soir, est la dernière effectuée par un bateau de la SNCM.

La compagnie maritime, placée en redressement judiciaire en novembre 2014, a été reprise par le groupe corse Rocca à la suite d’un jugement du tribunal de commerce de Marseille rendu le 20 novembre 2015.

Après deux jours durant lesquels ils resteront à quai, le temps de mettre en ordre toutes les autorisations, les bateaux de l’ex SNCM devraient commencer jeudi de nouvelles rotations pour le compte de la nouvelle société, dont le nom commercial n’est pas encore connu.

mdm/cr/jpr

STEF

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