« C’est une espèce de bizarrerie. Plus personne n’est indépendant nulle part », a déclaré M.Rocard, estimant que depuis la création de l’euro, comme monnaie commune, « l’indépendance a changé de sens ».
« L’indépendance, c’est une référence à la liberté de décision, à la liberté d’analyse de celui qui décide », a-t-il également indiqué.
Alors Premier ministre, Michel Rocard a joué un rôle déterminant dans l’élaboration des accords de Matignon, qui en 1988 ont ramené la paix en Nouvelle-Calédonie après plusieurs années de violences meurtrières entre indépendantistes kanak et loyalistes caldoches.
Il demeure depuis lors une personnalité politique de référence sur le Caillou où la concorde s’est prolongée en 1998 par l’Accord de Nouméa, qui a instauré un processus de décolonisation accompagné par l’Etat, aboutissant au plus tard en 2018 à un vote d’autodétermination.
Dans cette perspective, Michel Rocard, 85 ans, a souhaité « qu’une solution commune » puisse être trouvée entre la droite non-indépendantiste et les indépendantistes. « Personne ne peut avoir dans la tête le souhait que la question qui va être posée à ce référendum soit choisie de manière à diviser les Calédoniens en deux paquets égaux. Parce que là, on est sûr qu’ils recommenceront à se taper dessus », a-t-il déclaré au journal local.
Interrogé par ailleurs sur la déstabilisation du Moyen-Orient, Michel Rocard a observé « qu’à la base il y a une erreur américaine monstrueuse, qui a consisté à aller casser les reins de Saddam Hussein » et a déploré « la disparition de l’Europe de la grande scène du Moyen-Orient ».
« L’Europe a disparu parce qu’elle refuse, depuis une trentaine d’années, de s’occuper de politique étrangère et de défense », a asséné celui qui est depuis mars 2009 ambassadeur de France pour les pôles arctique et antarctique.