La prolifération d’une algue signale un accroissement du CO2 dans l’océan (étude)

La prolifération de ces algues, appelées coccolithophores, est surtout forte depuis la fin des années 1990 quand les émissions de CO2 produites par les activités humaines se sont nettement accrues, précisent ces chercheurs dont l’étude est publiée jeudi dans la revue américaine Science.

Les coccolithophores sont du phytoplancton dotés d’une coquille qui flotte et que l’on retrouve au fond des océans.

« C’est un phénomène étrange qui se produit beaucoup plus rapidement que nous l’avions pensé », relève Anand Gnanadesikan, professeur adjoint au département de géophysique et des sciences planétaires de l’Université Johns Hopkins dans le Maryland, un des co-auteurs de cette découverte.

« Ce qui est inquiétant c’est que nos résultats montrent à quel point nous sommes ignorants du fonctionnement d’écosystèmes complexes », ajoute-t-il.

Cette observation met en lumière la possibilité d’un changement rapide de l’écosystème marin suggérant que « les modèles ordinateurs actuels, visant à anticiper les réactions de ces systèmes écologiques au réchauffement climatique, pourraient être trop conservateurs », poursuit le scientifique.

L’analyse des données provenant des observations du plancton, –des micro-organismes essentiels dans la chaîne alimentaire marine–, effectuées dans l’Atlantique nord et la Mer du nord depuis 1965, laissent penser que l’accroissement du CO2 dans l’océan est la cause de cette forte prolifération, explique Sara Rivero-Calle, une scientifique de l’Université Johns Hopkins.

Plusieurs autres études de laboratoires confortent cette hypothèse, souligne-t-elle.

Outre l’impact des émissions de carbone sur le réchauffement climatique, « les conséquences sur l’écosystème marin, d’émettre des milliers de tonnes de CO2 dans l’atmosphère depuis des années, sont déjà là et cela n’est que la pointe de l’iceberg », juge la chercheuse.

L’accroissement de ces populations signale historiquement un changement environnemental, note William Balch, du Laboratoire Bigelow pour la science océanique dans le Maine (nord-est), autre auteur de l’étude.

« Ces micro-algues ont été plus abondantes pendant les périodes chaudes interglaciaires quand les teneurs atmosphériques en CO2 étaient élevées », précise-t-il.

« Les résultats de cette dernière étude sont compatibles avec ces observations du passé et pourraient signaler, tel le canari dans la mine de charbon, (vers) où nous nous acheminons avec le climat », juge cet expert des algues.

Les coccolithophores jouent un rôle dans le cycle du carbonate de calcium qui est un facteur dans les niveaux de CO2 absorbé par les océans, précise-t-il.

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