La Russie évoque des « problèmes » dans la mise en exploitation du Mistral

« Ces dernières années, l’accompagnement scientifique des décisions sur l’achat de l’équipement militaire était très insuffisant, et plusieurs détails sont restés en dehors du champ de vision », a déclaré un vice-Premier ministre Dmitri Rogozine, cité par l’agence ITAR-TASS.

« Peut-être, nos chimistes devront créer un dispositif spécial afin de résoudre ce problème », a-t-il indiqué.

L’agence reliait ces déclarations à des propos tenus par un expert militaire sous couvert d’anonymat. Selon cette source, l’exploitation des navires Mistral nécessite l’utilisation d' »environ 50 sortes d’huiles et de combustibles de fabrication européenne » qu’on ne trouve pas en Russie.

Le contrat avec les chantiers navals STX de Saint-Nazaire ne prévoit pas de livraison d’huiles et de combustibles européens, et l’utilisation de produits russes « risque de provoquer une panne de moteur », a indiqué cette source.

Sur le réseau social Twitter, M. Rogozine a ensuite jugé que ses propos avaient été « interprétés » et promis que la Russie remplirait « toutes ses obligations contractuelles avec ses partenaires français ».

« Tous les problèmes apparus de manière inattendue seront examinés lors de consultations » franco-russes les 14 et 15 février, a-t-il cependant reconnu.

L’agence Interfax l’avait cité fin janvier affirmant que le Mistral n’était pas conçu pour fonctionner à des températures inférieures à -7 degrés Celsius, ce qui limiterait beaucoup son utilisation en Russie.

« Il est très étrange que nous achetions pour nos latitudes des navires qui ne fonctionnent pas en-dessous de moins 7° », avait-il déclaré selon l’agence, lors d’une réunion à l’Académie militaire de Moscou.

Après de longues négociations, la Russie et la France ont signé en juin 2011 un contrat de plus d’un milliard de dollars prévoyant la vente de deux puissants navires militaires, des bâtiments de projection et de commandement (BPC) du type Mistral.

Cette annonce avait fait sensation, s’agissant de la première livraison à Moscou de matériels de cette ampleur par un pays de l’Otan.

Le premier de ces navires d’une longueur de 200 mètres est en construction aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire (ouest de la France), qui fabriqueront également le deuxième.

Une option prise pour la construction en Russie de deux bâtiments supplémentaires a cependant été mise en doute en décembre par M. Rogozine, nommé au gouvernement au printemps.

Le vice-Premier ministre a répété sur Twitter mardi que la décision définitive sur cette commande supplémentaire serait prise « en fonction de l’exploitation des deux premiers navires assemblés » en France.

Ancien représentant russe auprès de l’Otan, ex-leader du parti Rodina (La Patrie), M. Rogozine a pris la défense de l’industrie russe de l’armement, faisant notamment cesser des achats de blindés à l’italien Iveco.

L’ancien ministre de la Défense Anatoli Serdioukov, artisan d’une réforme de l’armée russe et de ces achats d’armements étrangers, a été limogé en novembre, officiellement en raison d’un scandale de corruption. La presse a évoqué l’hypothèse d’une lutte de clans au sein du pouvoir russe.

STX OFFSHORE & SHIPBUILDING

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