De l’Amargosa vole, un rongeur qui vit près de la Vallée de la mort, il ne reste ainsi plus que 100 specimens. Les serpents géants Thamnophis souffrent, eux, de l’assèchement des marais, où ils vivent. Les saumons Chinook du fleuve Sacramento sont quant à eux menacés d’extinction.
« L’an dernier a été une année très difficile pour ces poissons (…) nous pensons que 95% des jeunes poissons n’ont pas survécu » et cette année « pourrait être pire », a indiqué à l’AFP vendredi Michael Milstein, porte-parole de l’Administration américaine des Océans et de l’Atmosphère.
La population s’est effondrée de façon spectaculaire ces dernières années: il y avait 4,4 millions de jeunes saumons Chinook parvenus en aval du fleuve en 2009 et seulement 411.000 l’an dernier. Seuls 217.000 sont arrivés à ce stade cette année, contre 280.000 l’an dernier à la même période.
Les saumons Chinook remontaient traditionnellement le fleuve jusqu’aux montagnes pour trouver l’eau très froide dont ils ont besoin pour que leurs oeufs se développent normalement. Depuis la construction du barrage de Shasta, ils se retrouvent bloqués plus bas dans le fleuve, où l’eau est plus chaude.
Jusqu’à il y a quelques années les autorités relâchaient de l’eau du barrage pour faire tomber la température du fleuve et permettre aux Chinook de se reproduire.
Mais avec le manque de pluie qui dure depuis quatre ans, l’eau disponible en Californie est de plus en plus rare et disputée.
Certains poissons souffrent aussi de la sécheresse ailleurs sur la côte ouest, notamment « les saumons Sockeye du fleuve Columbia dans l’Oregon et l’Etat de Washington », a précisé M. Milstein.
« C’est le genre de phénomène que nous prévoyons de voir plus souvent dorénavant à cause du réchauffement climatique », a-t-il conclu.
– Des prédateurs poussés près des Hommes –
Certains prédateurs, comme les ours, sont aussi poussés plus loin de leur habitat pour trouver eau et nourriture, d’où des contacts potentiellement dangereux avec les hommes.
« Les ours noirs et les cougars sont considérés comme les espèces les plus inquiétantes en termes d’interactions avec les humains », commente Clark Blanchard, un expert des services californiens de protection de la nature (CDFW).
Pour Andrew Hughan, porte-parole de l’administration de la pisciculture et des animaux sauvages de Californie, « on observe un peu plus d’animaux dans des endroits où ils ne devraient pas se trouver cette année » pour chercher à manger ou à boire alors que leur habitat naturel n’est plus aussi fertile que d’ordinaire, mais « ce n’est pas dans des proportions spectaculaires pour l’instant, ce qui est même assez surprenant », estime M. Hughan.
Il craint cependant que « les choses soient bien différentes l’an prochain si on traverse encore une année de plus quasiment sans pluie ».
La flore, et en particulier les arbres, sont en revanche en première ligne. D’après les services forestiers, 22 millions d’arbres ont péri en Californie à cause de la sécheresse.
« La Californie vit sa pire épidémie de mortalité d’arbres de l’histoire récente », s’est alarmé le gouverneur Jerry Brown vendredi dans un communiqué déclarant « l’état d’urgence » face à ce fléau.
La sécheresse favorise les infestations de scolytes, de petits insectes qui rongent les arbres.
Même le célèbre Joshua Tree et ses piquants, symbole du désert californien, est menacé par le manque de pluie, tout comme les pins et séquoias géants du parc Yosemite.
Le phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il accroît les risques d’incendies et menace, à nouveau, l’habitat de la faune.