De quoi s’agit-il ?
Il existe déjà une autoroute entre Givors, au sud de Lyon, et Saint-Étienne, l’A47. Mais cet itinéraire, qui emprunte la vallée industrielle du Gier en 2×2 voies, est sinueux, souvent saturé et réputé dangereux.
Dès les années 90 germe l’idée de doubler l’ouvrage par une nouvelle autoroute de 45 kilomètres, passant juste un peu plus au nord pour rejoindre Lyon par le sud-ouest.
Le projet A45 avance depuis à petit pas: en 2008 il est déclaré d’utilité publique et deux présidents successifs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, lui apportent leur soutien.
En avril, le gouvernement a désigné Vinci, déjà retenu pour le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, pour construire et exploiter l’autoroute, avec pour objectif une entrée en service en 2022.
Un financement presque bouclé
La construction de cette nouvelle autoroute est évaluée à environ 1,2 milliard d’euros, financée pour un tiers par Vinci et pour deux tiers par l’État et les collectivités locales, soit 790 millions de fonds publics.
L’Etat a validé sa participation (395 millions), le département de la Loire l’a fait lundi (131 millions) et l’agglomération de Saint-Étienne (131 millions) doit faire de même ce jeudi. Reste maintenant aux élus régionaux de voter, le 7 juillet, l’engagement pris par leur président, Laurent Wauquiez (LR), de mettre lui aussi 131 millions sur la table.
Qui est pour ? Qui est contre ?
Les chefs d’entreprises, le conseil départemental de la Loire et la ville de Saint-Étienne sont pour. Ils estiment qu’une nouvelle autoroute désenclaverait Saint-Étienne, ancien bastion industriel engagé dans une difficile reconversion. Ils estiment aussi que la région ne peut se passer des retombées économiques et sociales d’un tel chantier.
Le président de la région, Laurent Wauquiez, est lui aussi favorable mais avait conditionné sa participation financière aux résultats d’une étude visant à réhabiliter l’autoroute actuelle. Menée en quelques mois, cette dernière s’est prononcée sans équivoque en faveur de l’A45.
Pas de quoi calmer les esprits échauffés jusque dans son propre camp. Car dans le monde politique lyonnais, les soutiens sont plutôt tièdes. A droite, le président du département du Rhône, Christophe Guilloteau ou le député du Rhône George Fenech sont farouchement contre, défendant communes et riverains concernés par le futur tracé.
Le maire PS de Lyon, Gérard Collomb, dit lui « pourquoi pas » mais réclame un contournement à l’entrée de Lyon afin de ne pas ajouter des bouchons aux bouchons à l’entrée de la ville.
Quelque 110 communes concernées par le passage de cette nouvelle voie, des riverains et des agriculteurs s’élèvent également contre un projet qu’ils jugent coûteux pour les usagers et les finances publiques, néfaste en termes d’environnement et qui va détruire 500 hectares de terres agricoles dont de nombreux vergers des coteaux du Jarez.
Ils raillent au passage les contradictions d’un gouvernement qui a porté le grand accord international sur le climat (COP21), estimant que la construction de nouvelles autoroutes ne va pas dans le sens de l’Histoire. A Lyon d’ailleurs, le maire vient de décider de déclasser l’A6/A7 qui balafre le centre-ville.
Quelles alternatives ?
Maintenant que le financement est bouclé, les opposants promettent des recours contre le projet. Et ils militent pour un réaménagement de l’autoroute existante (pour un coût dont l’estimation varie de 227 millions à un milliard d’euros). Ils plaident également pour la mise en place d’une ligne de type RER entre Lyon et Saint-Étienne, qui est aujourd’hui l’une des liaisons TER les plus empruntées de France avec 20.000 passagers et 120 trains par jour.
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VINCI