La SNCM se dote d’un nouveau capitaine, été agité en vue

De leur côté, les syndicats, soutenus par les élus locaux de tous bords, sont convaincus que se trame un scénario de démantèlement et envisagent de lancer leur troisième grève de l’année pour sauver les 2.600 emplois en jeu.

« Il faut rapidement que les responsables politiques redressent la barre dans ce dossier, sans quoi la CGT mettra tout en oeuvre d’ici au 30 juin pour faire respecter les engagements et préserver l’emploi », menace Frédéric Alpozzo, délégué CGT-Marins (majoritaire).

Avant le début du conseil, l’élu CGT a également brandi la menace d’une grève: « si effectivement il n’y avait pas de réponse de l’Etat, il y a de fortes chances que la CGT appellera les salariés à utiliser le droit de grève ».

Environ 200 salariés de l’entreprise ainsi que des représentants de sous-traitants ont manifesté leur mécontentement devant le bâtiment où se tenait le conseil, au palais des expositions de la ville, a constaté l’AFP, réservant un accueil musclé — insultes, invectives et fumigènes — aux représentants de l’Etat et de Transdev. « Cuvillier, Valls, tueurs d’emplois! », lisait-on aussi sur des banderoles déployées à l’entrée du bâtiment.

Même ton offensif du côté de la CFE-CGC qui tirera « les conclusions qui s’imposent dès la fin du conseil ». Dans une lettre ouverte au secrétaire d’Etat chargé des Transports Frédéric Cuvillier, le syndicat de l’encadrement lâche: « ce sera un scandale d’Etat (…) si le président de la République et le Premier Ministre se renient et laissent les vautours fondre sur la compagnie ».

Car c’est l’Etat qui fait figure d’arbitre entre les deux camps. Par son abstention lors du précédent conseil le 12 mai, il a redonné les rênes de l’entreprise à Transdev, filiale de Veolia et de la Caisse des dépôts, en poussant dehors l’actuel président du directoire, Marc Dufour.

Pour installer son nouveau patron, le groupe de transports (66%, sept sièges) aura besoin cette fois du soutien des pouvoirs publics (25%, trois sièges), les actionnaires salariés (9%) disposant pour leur part de quatre représentants. Si l’Etat s’abstient, il faudra attendre l’assemblée générale du 24 juin pour que M. Diehl et les deux autres membres de son équipe soient désignés.

– ‘Assurer le succès de la saison d’été’ –

Première mission de ce chef d’entreprise de 58 ans, décrit comme « expérimenté et reconnu » dans le monde du transport: « faire face aux urgences de court terme, et notamment assurer le succès de la saison d’été », explique Transdev, alors que la SNCM a vu chuter ses réservations depuis l’épisode du 12 mai.

« Plus généralement, il s’agit de construire un avenir crédible et viable à la SNCM », précisait mardi dans une interview au quotidien Aujourd’hui en France Jérôme Nanty, secrétaire général de Transdev et futur président du conseil de surveillance en lieu et place de Gérard Couturier.

Et de pointer deux priorités: « rétablir la profitabilité » d’une compagnie chroniquement déficitaire depuis sa création il y a un peu plus de 30 ans, et « traiter le sujet des aides publiques que la Commission européenne nous demande de rembourser (440 millions d’euros, NDLR), qui plane comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes ».

Exit, l’ambitieux plan de redressement porté par M. Dufour et farouchement soutenu par les syndicats. « Une fuite en avant irréaliste », tranche M. Nanty, au sujet de ce projet de commande de quatre navires. « Ce ne sont pas de nouveaux bateaux qui sauveront la SNCM ».

Parallèlement, Transdev, désireux de céder sa participation, recherche des investisseurs et a d’ores et déjà entamé des négociations avec l’armateur Daniel Berrebi, dirigeant de la société américaine Baja Ferries, selon les dires de ce dernier.

Privatisée en 2006 dans des conditions « contestables » selon un récent rapport parlementaire, la SNCM accumule les pertes, confrontée à la concurrence croissante de Corsica Ferries (plus de 60% de parts de marché). Les navires de cette société privée battent pavillon italien, quand la SNCM opère sous pavillon français « premier registre », aux normes plus contraignantes.

M. Cuvillier avait promis au printemps l’entrée en vigueur en juin du décret dit « Etat d’accueil », un texte anti-dumping social resté jusqu’à présent lettre morte.

« Sans cette réglementation, les conditions de concurrence déloyales au détriment de la SNCM perdureront », déplore dans un communiqué le président (PS) de la Région Paca, Michel Vauzelle. « Une défaillance de la SNCM serait un désastre pour notre économie locale », prévient-il, en appelant au gouvernement.

anb-rl/tlg/evs

VEOLIA ENVIRONNEMENT

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