Entre juin et septembre, plusieurs lâchers ont été effectués dans la Garonne et la Dordogne grâce à un nombre de larves obtenues à partir d’esturgeons adultes en captivité qualifié « d’exceptionnel » par les chercheurs.
Au fil des ans, les scientifiques français et allemands ont affiné les techniques de reproduction et d’élevage de ces poissons, en voie d’extinction et protégés en France depuis 1982.
« Lors de la première tentative de reproduction assistée en 2007, nous avions obtenu 7.000 larves », explique Eric Rochard, directeur de recherche à l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, ex-Cemagref).
« Cette année, nous avons eu 700.000 larves, soit 100 fois plus, et nous avons encore une marge de progression », avance le scientifique qui considère que la phase de recherche est loin d’être terminée, notamment sur le comportement après les lâchers, mais qui estime que les stocks de larves permettent désormais de contribuer à des actions de repeuplement.
Des lâchers, de moindre importance, ont également eu lieu en Allemagne dans l’Elbe et dans le delta du Rhin aux Pays-Bas.
Pour autant, la survie de l' »Acipenser sturio » européen, autrefois très prisé pour ses oeufs de caviar, est loin d’être assurée.
Ce n’est qu’une fois que la reproduction en milieu naturel aura repris, et en nombre suffisant, que l’espère sera sauvée. La dernière reproduction naturelle en Gironde remonte à 1994.
Du fait de la maturité sexuelle tardive des esturgeons (10 ans pour les mâles et 14 ans pour les femelles), les premiers poissons adultes susceptibles de revenir en rivière pour se reproduire ne sont pas attendus avant une dizaine d’années, note Eric Rochard.
Après quelques mois dans un fleuve, les alevins rejoignent l’estuaire de la Gironde pour six à sept ans, avant de rallier la mer.
Ce n’est qu’entre 15 et 18 ans qu’ils reviendront dans l’estuaire, puis dans un cours d’eau pour se reproduire.
L’esturgeon européen, autrefois présent dans de nombreux fleuves européens, n’existait plus que dans le bassin de la Gironde.