Lagos, ville construite sur l’eau, ne veut plus de ses bidonvilles lacustres

« La Venise de l’Afrique » n’a rien d’une carte postale. Sa pauvreté crasse, que l’on observe directement du grand pont de la ville, donne au contraire une mauvaise image à la capitale économique du Nigeria, mégalopole de 20 millions d’habitants, Lagos.

Mais si Makoko est le plus célèbre et le plus visible de ces bidonvilles lacustres, de nombreuses communautés vivent sur l’eau, tantôt sur pilotis, tantôt sur des parcelles construites avec des déchets mélangés à du sable.

A Makoko et à Otobo Gbame, Bariga et Ebute Metta, les habitants dépendent des eaux de la lagune pour survivre. Arrivés à Lagos il y a parfois plus d’un siècle, ou au fil de la migration urbaine accélérée, ils sont pêcheurs, ramasseurs de sable en eaux profondes ou ils travaillent le bois qui arrive par flottaison de l’intérieur du pays.

Fin 2016, le gouverneur Akinwumi Ambode avait annoncé vouloir détruire tous les bidonvilles construits sur les eaux de la lagune, qui comptent au total quelque 300.000 habitants, selon l’association Nigerian Slum/Informal Settlement.

Quelques mois plus tard, Otodo Gbame étaient détruits et 30.000 personnes se sont retrouvées sans foyer, trouvant refuge dans d’autres communautés pauvres alentour.

Ils sont venus manifester sur des bateaux, arborant d’immenses banderoles pour dire « Stop aux expulsions forcées ».

« J’étais pêcheur, mais ils ont détruit mon bateau », raconte Isaac Azin, 36 ans. « Maintenant je vis à Oreta, mais les gens là-bas ne veulent pas de nous, ils ont leurs propres problèmes. »

Sur ces radeaux de fortune, on chante « l’unité est +notre+ force » et « les logements informels ne sont pas illégaux ».

Sur le rivage, le quartier des scieries d’Ebute Metta est construit sur des mètres de déchets et de bois qui s’enfoncent dans les eaux. La communauté, répète en boucles cette date du 28 décembre 2017, lorsque les scieries ont été détruites par des agents de police et des « area boys », ces gangs de rue payés pour faire le sale boulot.

‘Monsieur James’, la cinquantaine, possédait un bel atelier de bois et un immense générateur. Il n’a plus travail depuis six mois. « Ils sont venus à minuit, au milieu de la nuit. Nous n’avons aucun droit de l’Homme ici », rage-t-il. « Au Nigeria, les puissants ne veulent pas que les pauvres existent. »

Articles connexes

Chili: le Parlement relève la part des quotas allouée à la pêche artisanale pour le merlu

Santiago du Chili, 19 juin 2025 (AFP) - Le Parlement chilien a approuvé mercredi une loi qui relève la part des quotas allouée...

Essais nucléaires: un pardon de la France permettra à la Polynésie de « récupérer son histoire », plaide la commission d’enquête

Paris, 18 juin 2025 (AFP) - Le pardon de la France à la Polynésie pour les essais nucléaires est "une demande des Polynésiens"...

Trump à propos de frappes américaines sur l’Iran: « Je vais peut-être le faire, peut-être pas »

Washington, 18 juin 2025 (AFP) - Donald Trump a entretenu le doute mercredi sur la possibilité que les Etats-Unis effectuent des frappes sur...

Le leader kanak Christian Tein appelle à sortir de la crise calédonienne « par le haut »

Montpellier, 18 juin 2025 (AFP) - Le leader indépendantiste kanak Christian Tein, tout juste libéré après un an de détention provisoire, a appelé...

Lyon lance un service de navettes fluviales publiques sur la Saône

Lyon, 18 juin 2025 (AFP) - Le réseau de transport public lyonnais a élargi son arsenal mercredi avec le lancement de navettes fluviales...

Le leader kanak Christian Tein appelle à sortir de la crise calédniienen « par le haut »

Montpellier, 18 juin 2025 (AFP) - Le leader indépendantiste kanak Christian Tein, tout juste libéré après un an de détention provisoire, a appelé...

Plus de lecture

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.