« La région de l’Arctique devient de plus en plus importante », a souligné Ashton Carter lors d’une visite vendredi aux troupes américaines basées à Fairbanks dans l’Alaska, à quelque 320 kilomètres au sud du cercle arctique.
« Elle sera importante pour les Etats-Unis, elle sera importante pour les autres pays. Il va être important de maintenir la paix et un ordre fondé sur des règles », a-t-il ajouté.
L’Etat américain de l’Alaska et l’Arctique sont d’une importance stratégique cruciale pour Washington. Des systèmes de défense antimissiles y sont installés, les avions américains qui y sont basés pouvant eux rapidement atteindre des destinations à travers tout l’hémisphère nord en survolant le pôle Nord.
Mais les contraintes budgétaires poussent le Pentagone à envisager de réduire sa présence à Anchorage, grande ville d’Alaska, où 2.600 soldats sont actuellement basés.
Un document stratégique du Pentagone datant de 2013 soulignait d’autre part « les risques liés à la perception que l’Arctique est en train d’être militarisée. Cela pourrait « mener à une mentalité de course à l’armement », était-il écrit.
Pendant ce temps, la Russie renforce sa présence militaire dans la région qui renferme plus de 20% des réserves mondiales d’hydrocarbures encore non découvertes, selon l’Institut de Géologie américain (USGS), également convoitée par d’autres pays comme le Canada et la Norvège.
Moscou est en train d’achever la construction d’une grande base militaire dans l’Arctique, où 150 soldats pourront vivre de manière autonome pendant un an et demi.
Et la Russie a lancé de grandes manoeuvres militaires cet été dans la région, tout en revendiquant devant les Nations unies la souveraineté sur 1,2 million de km2 dans l’Arctique. Une requête qui devrait être examinée dans les premiers mois de 2016.
Alors même que Barack Obama visitait l’Alaska en septembre, cinq navires militaires chinois ont été détectés dans la mer de Béring qui sépare la Russie de l’Alaska. Une première.
Face aux appétits de tous, certains aux Etats-Unis critiquent l’administration Obama, l’appelant à renforcer la présence militaire dans l’Arctique.
« Est-ce que je prévois que la Russie va envahir l’Alaska la semaine prochaine? Non. Mais est-ce logique de retirer nos soldats de l’Arctique? Stratégiquement, ça n’a aucun sens », a confié le sénateur républicain de l’Alaska Dan Sullivan à l’AFP.
Les Etats-Unis n’ont que deux brise-glaces dans la région, a-t-il notamment souligné, en suggérant l’envoi d’au moins quatre de plus.
« C’est une plaisanterie », a poursuivi Dan Sullivan, déplorant l’absence d’une « stratégie militaire sérieuse ».