L’avocat d’un pirate somalien dénonce la situation « ubuesque » de son client

En situation irrégulière, Ahmed Hamoud Mammoud, 39 ans, a été placé au centre de rétention du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) la semaine dernière, dès sa sortie de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis où il venait de purger six ans pour sa participation à la prise d’otage du voilier « le Carré d’As », en 2008 au large des côtes somaliennes. Condamné à huit ans, il a bénéficié d’une remise de peine.

Il s’agit du dernier des six Somaliens transférés en France pour y être jugés, à ne pas avoir recouvré la liberté. L’un d’entre eux avait été acquitté, les quatre autres remis en liberté après avoir demandé l’asile politique en France.

Le juge Paul Dubois de Saussais a confirmé jeudi en appel le maintien en détention de Ahmed Hamoud Mammoud pour vingt jours, considérant que, sans papiers ni ressources, il n’avait pas de garanties de représentation et que les autorités françaises ont sollicité l’ambassade de Somalie en Belgique, l’une des seules à pouvoir théoriquement délivrer un document d’identité nécessaire à un éventuel rapatriement.

« Mais, dans la réalité, il n’obtiendra jamais de passeport. S’il n’y a pas eu de retour de l’ambassade de Belgique c’est parce qu’il n’y a plus d’État en Somalie », a fait valoir son avocat, Me Martin Pradel. « Je sais bien », a admis le juge mais il ne peut être « pour l’instant placé sous assignation à résidence ».

« On vous dit: +vous devez régulariser votre situation en France, alors que vous voulez rentrer chez vous, et que vous devez travailler pour payer votre retour alors que vous n’avez pas le droit de travailler », résume l’avocat.

La situation du Somalien sera réexaminée à l’issue de ses 20 jours de rétention, sachant que son maintien au Mesnil-Amelot ne peut légalement excéder 45 jours.

Selon Me Martin Pradel, son client a formulé une demande d’asile politique qui n’a pas encore été prise en compte mais son désir serait de pouvoir rentrer dans son pays, où se trouve sa famille, sans pour autant être remis aux autorités somaliennes car il craint pour sa vie.

Le seul pirate somalien jugé en France a être retourné au pays, parce qu’il voulait voir une dernière fois son père âgé de 90 ans vivant, a été arrêté à son arrivée à Mogadiscio et sa famille a dû payer une rançon pour obtenir sa libération, explique l’avocat.

« Mon client a reconnu ses erreurs et payé sa dette à la société. Il est maintenant victime d’une nouvelle double peine », dénonce Me Pradel.

Au total, 22 pirates somaliens, impliqués dans les prises d’otages du Ponant et du Carré d’As en 2008, du Tanite en 2009 et du Tribal-Kat en 2011, ont été transférés en France pour y être jugés.

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