L’incident survenu dans la nuit de mardi à mercredi entraîne des embouteillages massifs de navires et d’importants retards de livraison de pétrole et autres produits commerciaux. La nouvelle a fait bondir les cours du pétrole mercredi.
Selon une carte évolutive du site vesselfinder, des dizaines de navires attendent aux deux extrémités du canal et dans la zone d’attente située au milieu du canal.
Plusieurs remorqueurs dépêchés par l’Autorité du canal de Suez (SCA) tentent de dégager le géant des mers depuis mercredi matin. Jeudi, une source maritime a ajouté que les autorités ont fait parvenir une drague sur les lieux de l’incident.
Le blocage devrait ralentir le transport maritime durant quelques jours, mais les conséquences en termes économiques devraient toutefois rester limitées si la situation ne s’éternise pas, selon des experts.
Les conséquences sur les prix dépendront de la durée du blocage selon Bjornar Tonhaugen, du cabinet Rystad, qui a précisé à l’AFP que « l’effet sera probablement faible et transitoire ».
En revanche, « si le blocage dure plus que quelques jours, cela pourrait avoir un impact plus important sur les prix et de manière plus durable », a-t-il ajouté.
« Nous n’avons jamais rien vu de tel auparavant, mais il est probable que la congestion (…) prendra plusieurs jours ou semaines pour se résorber, car elle devrait avoir un effet d’entraînement sur les autres convois, les plannings et les marchés mondiaux », estime Ranjith Raja, responsable de la recherche sur le pétrole du Moyen-Orient et le maritime chez l’agrégateur de données financières Refinitiv.
– Le temps nécessaire –
Mais la situation économique actuelle, sur fond de crise sanitaire et de restrictions qui entravent la reprise, font que les prix ne devraient guère flamber dans l’immédiat.
L’Ever Given, un navire de plus 220.000 tonnes, qui se rendait à Rotterdam en provenance d’Asie, s’est échoué dans la nuit de mardi à mercredi, peu après son entrée dans le canal, non loin de la ville de Suez.
La taille du navire complique les opérations de dégagement selon Jean-Marie Miossec, professeur à l’Université Paul-Valéry de Montpellier (sud-est de la France) et spécialiste du transport maritime.
« Ces navires ont un tirant d’eau important d’autant qu’il était à pleine charge. Sous la quille, la lame d’eau est faible », explique-t-il en assurant que les autorités doivent prendre le temps nécessaire pour « bien manoeuvre ».
« Il ne s’agit pas non plus de fragiliser la structure du navire dans les manoeuvres et bien doser les efforts à répartir tout au long de la coque », ajoute l’expert en affirmant que « les services techniques de l’autorité du canal sont compétents » pour cette opération.
Selon Bernhard Schulte Shipmanagement (BSM), la compagnie basée à Singapour qui assure la gestion technique du navire, les 25 membres d’équipage sont sains et saufs. Et il n’y a eu aucune pollution ni dommage sur la cargaison du navire d’une capacité de plus de 20.000 boîtes (EVP ou TEU).
Des experts citent des vents violents comme une des causes de l’incident sur ce navire de 60 mètres de haut. La SCA évoque également la visibilité diminuée en raison d’un vent de sable, courant en Egypte à cette époque de l’année.
Inauguré en 1869, le canal a depuis connu plusieurs phases d’agrandissement et de modernisation afin d’accompagner les évolutions du commerce maritime.
Trait d’union entre l’Asie et l’Europe, il réduit drastiquement les distances: 6.000 km de moins entre Singapour et Rotterdam par exemple, soit une à deux semaines de temps de trajet gagné, par rapport au contournement de l’Afrique.