Selon une étude parue mercredi dans Nature, le changement est dû à une variation des écosystèmes, et en particulier du plancton, qui est la pièce maîtresse du système alimentaire marin et joue un rôle crucial dans le cycle global du carbone et dans la production de l’oxygène que nous respirons.
« La raison pour laquelle nous nous intéressons aux changements de couleur est que la couleur reflète l’état de l’écosystème », a expliqué à l’AFP l’auteur principal de l’étude, B.B. Cael, du Centre national océanographique de Grande-Bretagne.
La couleur des mers, vue de l’espace, peut en effet donner une idée de ce qui se passe dans les couches supérieures de l’eau: un bleu profond signifie qu’il y a peu de vie, alors que si l’eau est plus verte, il est probable qu’il y ait plus d’activité, en particulier de la part du phytoplancton qui, comme les plantes, contient un pigment vert lié à la chlorophylle.
Loin d’être anodine, l’évolution du phytoplancton et sa concentration dans certaines régions, au détriment d’autres où il pourrait disparaître, pourrait venir bouleverser toute la chaîne alimentaire marine.
Les scientifiques souhaitent donc mettre au point des moyens de surveiller ces changements dans les écosystèmes afin de suivre l’évolution du climat et d’établir des zones protégées.
L’étude de Nature a élargi le spectre des couleurs, en examinant sept teintes de couleur de l’océan surveillées par le satellite MODIS-Aqua de 2002 à 2022. Ces teintes sont trop subtiles pour être perçues par l’homme et paraissent largement bleues à l’oeil nu.
Ses auteurs ont comparé les données d’observation aux modélisations informatiques du changement climatique. Ils sont arrivés à la conclusion que les changements observés correspondaient étroitement à ce qui avait été prévu par les modèles.
« Cela fait des années que je fais des simulations qui me disent que ces changements de couleur des océans vont se produire. Le fait de voir que cela arrive réellement n’est pas surprenant, mais effrayant », a estimé Stephanie Dutkiewicz, coautrice de l’étude et membre du département des sciences de la terre, de l’atmosphère et des planètes du MIT.
Si des travaux complémentaires sont nécessaires pour déterminer les implications exactes des changements de couleur, les auteurs de l’étude estiment qu’il est très probable que le changement climatique en soit la cause.
« Ces modifications sont cohérentes avec ce que l’on sait des changements produits par les activités humaines sur le climat », a déclaré Mme Dutkiewicz.