« L’UE est un partenaire fort » du Japon, a déclaré M. Abe à l’issue du 22e sommet UE-Japon à Bruxelles. « Nous partageons la même approche » des grands dossiers internationaux, a-t-il ajouté à la fin de sa longue tournée en Europe, au cours de laquelle il a visité six pays dont l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France.
Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a loué les positions communes avec Tokyo sur la crise ukrainienne. Il a indiqué que le Japon et les 28 allaient renforcer leur coopération en matière de sécurité, notamment dans la lutte contre la piraterie maritime et le terrorisme, ainsi que dans la cyber-sécurité.
M. Abe s’était également rendu mardi au siège de l’Otan pour renforcer la coopération avec l’Alliance atlantique, comme Tokyo le fait déjà en Afghanistan.
Durant sa tournée, le Premier ministre conservateur, qui affiche une grande fermeté vis-à-vis de la Chine sur les différends territoriaux maritimes, a cherché à élargir le soutien occidental à son pays, au delà des Etats-Unis, l’allié traditionnel. « L’environnement sécuritaire en Asie orientale est devenu plus difficile », a-t-il relevé.
Sur le plan économique, M. Abe a appelé à « conclure le plus rapidement », si possible « d’ici à fin 2015 », l’accord de libre-échange négocié avec l’UE depuis un an.
Il est souhaitable « d’accélérer le rythme des négociations », a également déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
Un tel accord permettrait à l’ensemble UE-Japon de peser 30% de l’économie du monde et 40% de son commerce, selon ses promoteurs.
Il « est à l’avantage des deux parties » et aura « un impact très important » pour favoriser la croissance, a assuré M. Barroso, tout en jugeant « normales » les préoccupations exprimées en Europe, notamment par les constructeurs automobiles.
L’UE doit décider d’ici à fin mai si elle continue ou suspend les discussions sur cet accord, sur la base d’un rapport de la Commission qui doit déterminer si le Japon a fait suffisamment de progrès, surtout en ce qui concerne les barrières non tarifaires (NTB) qui cadenassent de nombreux marchés nippons, notamment alimentaires.
Pour Tokyo, l’un des enjeux essentiels est que Bruxelles démantèle ses droits de douane sur les voitures japonaises, une question sensible en Allemagne, important fabricant et exportateur automobile.
S’il était finalisé en 2015, l’accord UE-Japon pourrait être signé avant le Partenariat transatlantique, l’accord de libre-échange négocié actuellement avec difficultés par Tokyo et Washington.
A Bruxelles, M. Van Rompuy a reçu M. Abe en déclamant un haïku, un petit poème traditionnel japonais de 17 syllabes, qu’il avait composé pour l’occasion. L’ancien Premier belge a publié plusieurs recueils de haïkus depuis le début des années 1980.