La décision a été prise lundi par le secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), signée par 184 pays, parce que le Mexique n’a pas présenté de plan adéquat de lutte contre la pêche illégale du poisson totoaba macdonaldi, dont le marsouin est une victime collatérale.
Le ministère mexicain des Affaires étrangères a fustigé cette mesure, estimant faire l’objet d’un « traitement inégal » parce que « l’effort fait et que la CITES a publiquement reconnu » n’a pas été pris en compte, a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le gouvernement est disposé à répondre aux observations, a précisé le communiqué.
Une délégation mexicaine était à Genève lundi pour discuter des mesures prises pour protéger ces cétacés, qui mesurent en moyenne un peu plus d’un mètre seulement, et qui vivent dans une zone très restreinte dans le nord du golfe de Californie.
Le marsouin du Pacifique, surnommé « vaquita marina » (« petite vache marine ») au Mexique, est considéré comme une espèce en voie d’extinction depuis 1996.
Il est une victime collatérale des filets des pêcheurs de totoaba, une espèce menacée dont la « vessie-nageoire » se vend jusqu’à 8.000 dollars le kilo en Chine en raison de ses supposées vertus médicinales.
Mexico n’ayant pas satisfait aux exigences du Secrétariat, ce dernier « recommande de suspendre le commerce » avec le Mexique de toutes les espèces listées par CITES, peut-on lire dans la décision.
« Cette recommandation restera en vigueur jusqu’à ce que le Secrétariat ait jugé adéquate une version révisée du plan d’action et publié une notification à cet égard », précise le texte.
Selon plusieurs organisations de protection de la nature, les sanctions annoncées lundi portent sur « des millions de dollars d’exports ».
« Près de 3.150 animaux et plantes mexicains sont répertoriés dans le cadre de la CITES, et bon nombre de ces espèces sont exportées. Il s’agit notamment de produits lucratifs tels que le cuir de crocodile, l’acajou, les tarentules, les reptiles de compagnie, les cactus et d’autres plantes », souligne un communiqué commun de plusieurs organisations (Center for Biological Diversity, Animal Welfare Institute, Natural Resources Defense Council et Environmental Investigation Agency).
Selon ces ONG, il ne resterait que dix marsouins du Pacifique. Ils seraient une vingtaine selon l’organisation Sea Sheperd.
« Bien que personne n’aime les sanctions économiquement douloureuses, tous les autres efforts pour pousser le Mexique à sauver le vaquita ont échoué », a déclaré Sarah Uhlemann, directrice du programme international au Center for Biological Diversity.
« Les mesures les plus fortes possibles sont nécessaires pour réveiller le gouvernement mexicain et l’inciter à sauver enfin ce minuscule marsouin de l’extinction », a-t-elle souligné.