Le président de la région Normandie s’alarme des conséquences du Brexit

« Notre inquiétude majeure est sur le degré d’anticipation, il n’est probablement pas satisfaisant pour les services vétérinaires », a déclaré Hervé Morin lors d’une conférence de presse à l’issue d’une visite de deux jours au Royaume-Uni. « Je pense que les douanes ont beaucoup plus anticipé les choses ».

Il estime qu’après le Brexit, « 40% des poids lourds qui vont arriver dans les ports normands vont faire l’objet de contrôles vétérinaires et phytosanitaires ».

Il s’alarme des conséquences que ces contrôles pourraient engendrer sur le flux des camions en provenance ou à destination du Royaume-Uni: chaque année, ils sont selon lui 100.000 à transiter par le port de Caen, 50.000 à Cherbourg, 30.000 au Havre, et 10.000 à Dieppe.

La conclusion d’un accord de sortie, objet du sommet européen de dimanche à Bruxelles, pourrait permettre la mise en place d’une période de transition à partir du 30 mars 2019, au lendemain du Brexit, et jusqu’à fin 2020, pour laisser aux entreprises et aux autorités le temps de s’adapter aux nouvelles contraintes règlementaires engendrées par le retrait britannique.

Mais cette période d’adaptation ne rassure pas entièrement Hervé Morin. « Ca nous donne un an et demi de plus, mais un an et demi, c’est très court. Il va y avoir un effort d’adaptation qui est absolument considérable », a-t-il souligné.

D’autant que la mise en place de cette période de transition dépend de la ratification de l’accord de sortie par le parlement britannique, encore très incertaine, étant donnée l’opposition de nombreux députés au sein de la majorité conservatrice de la Première ministre Theresa May.

« Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt, en cas de Brexit dur le 30 mars, on va avoir une période qui va être extrêmement chaude et difficile », a-t-il concédé à l’AFP.

Hervé Morin s’inquiète également de la facture que représentent les aménagements portuaires nécessaires et la mise en place des contrôles, qu’il chiffre « en dizaines de millions d’euros ».

Sur la question de la pêche, qui fait toujours l’objet de discussions entre Londres et Bruxelles, notamment sur l’accès des pêcheurs européens aux eaux territoriales britanniques, il a demandé qu’un accord puisse être trouvé « rapidement ».

« Compte-tenu de la sensibilité du sujet, il est bon qu’assez rapidement on puisse trouver les conditions d’un accord pour éviter que ne se reproduisent les scènes d’incidents entre pécheurs britanniques et pécheurs français », comme celles qui s’étaient produites à l’automne autour des gisements de coquille Saint-Jacques.

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