« Il est urgent que cet écart soit comblé pour mener l’opération avec succès », a déclaré Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU à l’issue d’une conférence des donateurs virtuelle organisée par le Royaume-uni et les Pays-Bas.
« Bien que nous apprécions les contributions reçues jusqu’à présent, le besoin de fonds est urgent pour finir la tâche que nous avons commencée », a-t-il ajouté.
En mars, l’ONU avait annoncé avoir acheté un immense navire-citerne pour pouvoir transvaser l’équivalent d’un peu plus d’un million de barils de pétrole brut du FSO Safer ancré au large du port stratégique de Hodeida (ouest du Yémen), qui risque à tout moment de se briser, d’exploser ou de prendre feu, selon des experts.
Le supertanker Nautica est actuellement en route vers la région et « nous pensons qu’il pourra commencer ses opérations avant la fin du mois », a précisé Farhan Haq, mais « il y a beaucoup d’étapes » pour terminer l’opération.
Cette opération inédite pour l’ONU, dont le coût a explosé, est chiffrée au total à 148 millions de dollars.
La conférence organisée jeudi a permis de récolter 5,6 millions de dollars de nouveaux dons, selon l’ONU. Il manque donc encore 23,8 millions sur les 129 millions nécessaires pour le sauvetage, ainsi que 19 millions pour la deuxième phase qui inclut notamment le remorquage du Safer une fois vidé et la sécurisation du Nautica.
Construit en 1976, le FSO Safer, qui sert de terminal flottant de stockage et de déchargement, n’a pas été entretenu depuis 2015 alors que le Yémen est plongé dans l’une des pires crises humanitaires au monde en raison de la guerre qui oppose le pouvoir aux rebelles Houthis.
Selon l’ONU, le Safer contient quatre fois la quantité de pétrole de l’Exxon Valdez, le pétrolier qui a provoqué en 1989 l’une des plus grandes catastrophes environnementales de l’histoire des Etats-Unis.
En cas de marée noire, qui pourrait toucher, au-delà du Yémen, les côtes de l’Arabie saoudite, de l’Erythrée, de Djibouti et de la Somalie, l’ONU estime à 20 milliards de dollars le coût du seul nettoyage. Elle insiste également sur les potentielles conséquences environnementales, économiques et humanitaires catastrophiques supplémentaires.
Ainsi, 1,7 million de personnes au Yémen dépendent de l’industrie de la pêche qui serait dévastée et plusieurs ports acheminant de la nourriture à la population pourraient devoir fermer.
Une marée noire pourrait aussi perturber « sur une longue période » la navigation dans le détroit de Bab-el-Mandeb entre la mer Rouge et le golfe d’Aden, voie de transit majeure vers le canal de Suez.