« Jacques R. Saadé avait consacré sa vie à CMA CGM. Visionnaire hors norme et entrepreneur unique, il avait fait de son groupe un leader mondial du transport maritime par conteneurs, n’ayant de cesse de le développer dans plus de 160 pays, tout en conservant sa dimension familiale et ses valeurs humaines », souligne le groupe dans son communiqué.
Jacques Saadé avait quitté il y a un an les manettes opérationnelles de l’empire familial : le 7 février 2017, le jour de ses 80 ans, il nommait son fils Rodolphe directeur général. Il lui avait confié la présidence du conseil d’administration neuf mois plus tard.
Quarante ans plus tôt, le « petit Libanais de Marseille » avait commencé à construire ce géant du transport maritime à partir de rien. Il avait en effet fondé la Compagnie Maritime d’Affrètement (CMA) en 1978, avec un navire et une ligne reliant Marseille à l’Italie, la Syrie et le Liban, dont il avait fui la guerre civile avec sa famille, de tradition chrétienne orthodoxe.
Ses bateaux traversent le Canal de Suez à partir de 1983, et il lance une ligne entre l’Europe du Nord et l’Asie en 1986, puis ouvre en 1992 le premier bureau commercial de CMA en Chine, à Shanghai.
La CMA rachète la CGM en 1996, Delmas en 2005, et CMA CGM devient à partir de 2006 le numéro trois mondial du secteur du transport maritime.
Si plusieurs autres membres de la famille Saadé occupent des rôles clés dans l’entreprise, le rachat de CGM crée également une brouille entre Jacques Saadé et son frère cadet Johnny, qui s’affronteront devant les tribunaux jusqu’en 2014.
Jacques Saadé, fait commandeur de la Légion d’Honneur de 2015, était très lié à Marseille, où le siège social de la CMA CGM, conçu par la célèbre architecte Zaha Hadid, est devenu du haut de ses 147 mètres un symbole de la ville.
« Marseille est belle et la mer ressemble un peu à celle de Beyrouth. Tous les jours, je disais aux enfants: +On repart bientôt+ », avait raconté le patron au Point en 2013, dans un rare moment de confidences.