« L’arrêté est suspendu parce qu’il autorisait le prélèvement de requin dans la zone de protection renforcée et la zone de protection intégrale de la réserve marine », a déclaré à l’AFP Stéphane Girard, représentant de l’ONG Sea Sheperd à l’origine du recours avec l’Association citoyenne de Saint-Pierre (ASCP), citant le jugement rendu.
Ces zones représentent au total 50% de la surface de la réserve naturelle nationale marine de La Réunion qui s’étend sur une vingtaine de kilomètres, le long de la côte ouest de l’île.
Les deux associations avaient saisi le tribunal administratif, le 28 août, d’un « référé en suspension avec recours pour excès de pouvoir » contre l’arrêté préfectoral autorisant la pêche au requin, jugeant qu’il était entaché de nombreuses irrégularités mais aussi de « nombreuses incohérences », selon Sea Sheperd.
Le 21 août, le tribunal avait rejeté un premier recours des deux associations, estimant qu’il n’y avait « pas urgence à agir ».
« La décision d’aujourd’hui est une grande satisfaction car cela prouve qu’on ne peut pas faire tout et n’importe quoi dans la réserve marine », s’est félicité M. Girard, après le jugement du tribunal.
« Faire croire qu’en prélevant une vingtaine de requins, la question des attaques contre les surfeurs sera réglée, ce n’est pas sérieux « , a-t-il ajouté, appelant à « mettre le paquet sur les mesures de surveillance dans la zone de pratique de surf et la recherche scientifique ».
Les deux associations espèrent désormais faire annuler l’arrêté sur le fond.
A la suite de plusieurs attaques de requin ayant entraîné la mort de 3 surfeurs en 2011 et 2012, le préfet de La Réunion, sur instructions du ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, avait pris le 13 août un arrêté « autorisant des opérations de marquage et de prélèvement de requins (…) aux fins de connaissances scientifiques et de protection des activités de loisirs et professionnelles de la mer ».
Ces opérations se limitaient à la pêche de 10 requins bouledogues et dix requins tigres, responsables des attaques contre les surfeurs. Elles étaient censées, en particulier, évaluer le risque de ciguatera (toxine marine) chez les requins prélevés, en vue de leur commercialisation future.
La pêche n’a pas eu les résultats escomptés puisque un seul requin a été prélevé depuis son lancement jusqu’à aujourd’hui. Elle est désormais interdite.