Les acteurs de la crise du canal de Panama

– GUPC:

Le consortium GUPC (Groupe Unis pour le canal) est constitué de l’Espagnol Sacyr (48% des parts), de l’Italien Salini-Impregilo (48%), du Belge Jan De Nul (3%) et du Panaméen Constructora Urbana (1%).

Chargé de la partie la plus importante des travaux d’élargissement, la construction de nouvelles écluses, le GUPC réclame un paiement supplémentaire de 1,6 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros), alors que le contrat initial – remporté avec grand bruit en 2009 – avait été fixé à 3,2 milliards de dollars (2,36 milliards d’euros).

Selon le GUPC, ce surcoût est dû à des problèmes géologiques imprévus sur le chantier, entraînant d’importantes dépenses supplémentaires en ciment.

Le consortium propose aujourd’hui que « les parties partagent le financement à 50-50 jusqu’à l’achèvement du projet » puis qu' »un tribunal international d’arbitrage décide qui est responsable des surcoûts additionnels et qui doit les payer ».

A ce jour l’Autorité du canal de Panama a réglé 2 milliards de dollars en plus d’une avance de 800 millions de dollars versée préalablement.

Certains des concurrents du consortium en 2009 soupçonnent Sacyr d’avoir présenté une offre trop basse en espérant renégocier plus tard le contrat.

– Sacyr

Sacyr est l’un des principaux acteurs des BTP espagnols. Il dirige le GUPC même s’il détient un nombre égal de parts avec Impregilo. Sa capitalisation boursière atteint 1,7 milliard d’euros.

Emblématique de la frénésie immobilière qui avait saisi le pays pendant plus d’une décennie jusqu’à l’éclatement de la bulle en 2008, il a récemment cherché à tourner la page en mettant en vente sa filiale de promotion immobilière Vallehermoso et se concentre désormais sur trois activités: construction, concession d’infrastructures et services.

Très lourdement endetté (6,856 milliards d’euros fin septembre 2013), il a dégagé sur les neuf premiers mois de 2013 un bénéfice net de 82 millions d’euros, contre une perte de 701 millions un an plus tôt, un chiffre d’affaires de 2,408 milliards d’euros, en recul de 5% sur un an, pour un résultat brut d’exploitation (Ebitda) de 423 millions (-0,2%).

Sa stratégie, ces dernières années, a été de chercher à moins dépendre de l’Espagne, pays plongé en crise, et de miser sur l’international, qui apportait fin septembre 55% de ses ventes, contre 42% un an plus tôt. Sur les neuf premiers mois de 2013 il est entré sur cinq nouveaux marchés: le Royaume-Uni, le Pérou, le Qatar, l’Inde et le Mozambique. Il a aussi décroché des contrats au Brésil, au Chili, en Angola et au Cap Vert.

– ACP

L’Autorité du canal de Panama (ACP) est un organisme public panaméen créé en 1997, deux ans avant la rétrocession du canal par les Etats-Unis. Elle a pour mandat d’administrer, de maintenir et d’améliorer la voie interocéanique.

L’ACP est dirigée par l’Administrateur du canal, Jorge Quijano et par un conseil d’administration de 11 membres, dont 10 sont nommés par le président sous réserve de l’approbation du Congrès, qui nomme directement le 11e..

L’ACP est autonome administrativement et financièrement, mais elle verse au gouvernement l’essentiel des revenus du canal, estimés à 8,500 milliards de dollars depuis 1999.

L’ACP exige du GUPC qu’il respecte le contrat signé et poursuive les travaux de construction des nouvelles écluses.

Passant également par le percement d’une troisième voie d’eau, l’élévation du niveau du lac Gatun, l’élargissement des voies d’accès et le creusement du lit du canal, le projet vise à permettre le passage de navires transportant jusqu’à 12.000 conteneurs, le triple de la charge actuelle.

Le montant global du chantier devait initialement s’élever à 5,2 milliards de dollars.

– Zurich

Zurich America International est l’assureur qui garantit l’investissement pour les nouvelles écluses à hauteur de 600 millions de dollars.

Son rôle pendant la crise a été jusqu’à présent celui d’un conciliateur dans les négociations entre le GUPC et l’ACP. L’entreprise suisse a déjà formulé plusieurs propositions concrètes de sortie de crise.

– Le gouvernement panaméen

Si l’ACP est un organisme autonome, le gouvernement du président Ricardo Martinelli est très impliqué dans le dossier, suivi de près par le ministre des Affaires relatives au Canal, Roberto Roy. Ces travaux sont vitaux pour le gouvernement panaméen, qui tire de l’activité du canal une bonne part de ses revenus.

– Les Etats-Unis

Principal usager du canal, avec 137 millions de tonnes transportées via la voie interocéanique en 2013, Washington suit de très près ce dossier, notamment via son ambassadeur au Panama, Jonathan Farrar. Les ports américains ont investi des sommes faramineuses afin de s’adapter aux nouveaux navires qui emprunteront le canal élargi.

– L’Espagne

En pleine crise économique, l’Espagne tente au même titre que l’Union européenne de faire pression sur Sacyr et les autres acteurs de la crise pour que les travaux reprennent. La ministre espagnole de l’Equipement, Ana Pastor, a mené, sans succès, une médiation entre les parties en décembre.

L’enjeu est de taille pour Madrid. Il faut à la fois s’assurer de la bonne santé de Sacyr, un acteur important en Espagne, et de préserver la réputation des entreprises espagnoles à l’étranger.

bur-ag/pb

SACYR

Voir les autres articles de la catégorie

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.