– Incursions aériennes –
Depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, date à laquelle les nationalistes du Kuomintang ont fui à Taïwan, les relations entre Taipei et Pékin ont connu des crises à répétition entrecoupées de périodes de détente.
En janvier 2016, Tsai Ing-wen, qui refuse de reconnaître le « Principe de la Chine unique » en vertu duquel l’île et le Continent feraient partie d’un seul pays, est élue présidente de Taïwan. C’est à partir de cette date que les avions et les navires militaires chinois commencent à effectuer, de plus en plus fréquemment, des incursions dans la zone de défense aérienne (Adiz) de Taïwan.
En avril 2023, un appareil militaire chinois – un drone de combat à longue portée TB-001 – effectue pour la première fois un tour complet de l’île au gouvernement démocratique.
Désormais, Pékin déploie quasi-quotidiennement des avions et des navires de guerre autour de Taïwan, avec un record de 103 appareils en 24 heures entre les 17 et 18 septembre 2023. Pour l’année 2024, le record quotidien est de 45 appareils, le 15 mai.
– La visite de Nancy Pelosi –
Le 2 août 2022, l’élue démocrate Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, atterrit à Taïwan dans le cadre d’une tournée asiatique.
Furieux, Pékin déclenche en représailles des manoeuvres militaires de grande ampleur autour de l’île. Taïwan est encerclé le 4 août par des avions de chasse et des navires de guerre, et des tirs de missiles sont effectués pendant une semaine.
Taipei répond par ses propres exercices et, dans les semaines qui suivent, les Etats-Unis envoient des navires de guerre dans le détroit et annoncent de nouveaux programmes d’aide militaire à l’île.
Un total de 446 avions de guerre pénètrent dans la zone de défense aérienne de Taïwan durant le mois d’août, un record mensuel, selon le ministère taïwanais de la Défense.
A peine un mois plus tard, les forces taïwanaises abattent pour la première fois un drone sur l’îlot de Shiyu, situé entre le continent chinois et les îles Kinmen contrôlées par Taïwan.
– Blocus simulé –
En avril 2023, à l’occasion d’un déplacement en Amérique du sud, la présidente Tsai Ing-wen fait escale aux Etats-Unis à deux reprises (à l’aller puis au retour). Elle rencontre le nouveau président de la Chambre des Représentants, Kevin McCarthy, à Los Angeles le 5 avril.
Le 8 avril, au lendemain du retour de Mme Tsai à Taipei, Pékin annonce trois jours d’exercices militaires. L’armée chinoise simule des frappes ciblées sur Taïwan et l’encerclement de l’île, et les médias d’Etat rapportent que des dizaines d’avions s’entraînent à un « blocus aérien ».
L’un des deux porte-avions chinois, le Shandong, participe à ces manoeuvres, suivies du lancement depuis le nord-ouest de la Chine d’une fusée dont les débris tombent en mer, au nord de Taïwan.
– Ballons –
Le ministère taïwanais de la Défense a commencé à détecter régulièrement des ballons chinois dérivant autour de Taïwan en décembre 2023, peu avant les élections présidentielles.
Taipei commence par décrire les objets comme des ballons météorologiques, mais les qualifie ensuite de menaces pour la sécurité aérienne et d’acte de guerre psychologique visant à « affecter le moral de notre peuple ».
Un record de huit ballons chinois est détecté sur une période de 24 heures en février, dont cinq directement au-dessus de Taïwan.
Lai Ching-te, le bras droit de Tsai, est élu président en janvier 2024. Dans un premier temps, la Chine s’abstient de toute démonstration massive de force militaire, tout en continuant les incursions aériennes.
Mais ce jeudi, trois jours après l’investiture de M. Lai, l’armée chinoise annonce deux jours d’exercices militaires. « Toutes les forces séparatistes en faveur de l’indépendance de Taïwan finiront dans le sang, la tête brisée face à l’événement historique d’une réunification complète de la Chine », assène Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise.
Pour J. Michael Cole, analyste basé à Taïwan et chercheur au Macdonald-Laurier Institute, l’été est généralement « la saison des manoeuvres » pour l’armée chinoise, grâce aux conditions météorologiques favorables dans la région de Taïwan.
Le moment choisi permet à Pékin de « dépeindre ce qui auraient été des exercices réguliers comme quelque chose de plus grand – dans ce cas, un avertissement à Lai et aux millions de Taïwanais qui ont exercé leur droit démocratique de choisir leur dirigeant », avance M. Cole.