Trente-huit élus calédoniens ont voté pour et 16 contre ce texte qui prévoit de reporter à décembre 2024 les élections, initialement prévues en mai, en attendant notamment que la question de l’éventuel dégel du corps électoral calédonien, pierre d’achoppement entre loyalistes et indépendantistes, soit réglée.
Si ce report de quelques mois a remporté l’adhésion de l’ensemble du camp non-indépendantiste, il divise le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS).
Les élections provinciales sont cruciales en Nouvelle-Calédonie, où les provinces détiennent une grande partie des compétences.
Le report des élections doit permettre de procéder à la modification de la Constitution nécessaire pour « dégeler » le corps électoral et donner la possibilité aux personnes ayant au moins 10 ans de résidence en Nouvelle-Calédonie de pouvoir voter. Actuellement, seuls les natifs de l’île et les personnes arrivées avant 1998 le peuvent.
Une partie des indépendantistes est opposée à cet élargissement car ces nouveaux électeurs viendraient, estiment-ils, modifier les équilibres politiques.
« Cela représenterait 25.900 nouveaux votants, soit 14,46 % du corps électoral. C’est comme si en France métropolitaine, on inscrivait d’un coup sept millions d’électeurs », calcule Victor Wejieme, du Parti travailliste indépendantiste, interrogé par l’AFP.
« C’est un passage en force inadmissible », a dénoncé auprès de l’AFP Christian Tein, membre de l’Union calédonienne (UC), l’une des principales composantes du FLNKS.
Ce dernier organisait, avec d’autres organisations, un rassemblement devant le Congrès pour protester contre le report des élections.
Dans l’hémicycle, Pierre-Chanel Tutugoro, président du groupe UC-FLNKS, a souligné l’ironie « d’un gouvernement qui veut reporter un scrutin mais nous a dit +dans une démocratie, on tient les élections à l’heure+ lorsque nous avons demandé le report du référendum de décembre 2021 ».
Le maintien de ce troisième référendum sur l’indépendance calédonienne, alors que les indépendantistes réclamaient son report en raison de la pandémie de Covid, a créé une fracture profonde dans la société calédonienne et les discussions sur le nouveau statut du territoire peinent depuis à démarrer.
« Le vivre ensemble est un objectif loin d’être atteint », a regretté lors des débats Jean-Pierre Djaïwé, président de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI), tout en indiquant que son groupe voterait en faveur du report des élections « pour donner une chance aux discussions ».
Le projet de loi organique doit être examiné par l’Assemblée nationale et le Sénat au 1er trimestre 2024.