Se basant sur les observations satellitaires, les scientifiques de Copernicus ont évalué les émissions des feux à l’intérieur du cercle arctique à 244 mégatonnes (une mégatonne égale un million de tonnes) de CO2 entre le 1er janvier et le 31 août, contre 181 mégatonnes pour toute l’année 2019.
En prenant en compte les zones sibériennes hors cercle arctique, les feux ont également battu des records d’émissions, avec 540 mégatonnes d’émissions de CO2 de juin à août
Pour la deuxième année consécutive, la Sibérie a été ravagée par de gigantesques incendies, favorisés par des températures record dépassant en moyenne de plus de 5°C les normales de saison. Associée à des sols moins humides que la normale, phénomène également favorisé par le réchauffement, cette canicule a engendré des conditions idéales à la prolifération des incendies qui ont ravagé les immenses forêts de Sibérie.
Selon Copernicus, certains de ces feux auraient même pu être déclenchés par des incendies « zombies », qui auraient subsisté sous la surface depuis les incendies déjà sans précédent de 2019.
« Les feux intenses qui brûlent depuis mi-juin ont déjà battu le record de 2019 en quantité et en intensité, » a souligné dans un communiqué Mark Parrington, du service de surveillance de l’atmosphère (CAMS) de Copernicus.
Le mois dernier, le patron du département changement climatique de Copernicus, Carlo Buontempo, avait mis en garde sur le réchauffement des zones arctiques (celles situées au nord du 66e parallèle dans lesquelles ont peut observer le soleil de minuit): « ce qui est inquiétant est que l’Arctique se réchauffe plus rapidement que le reste du monde ».
Selon des études, les températures dans les régions polaires ont augmenté de deux degrés depuis le milieu du XIXe siècle, soit deux fois plus que la moyenne planétaire.
« Le nombre croissant d’incendies intenses dans l’Arctique est sans précédent depuis 10.000 ans », a réagi dans un communiqué Peter Winsor, directeur du programme pour l’Arctique de l’ONG internationale de protection de l’environnement WWF.
Manuel Pulgar-Vidal, responsable Climat et énergie au WWF a appelé à « une réponse mondiale cohérente pour limiter les pires impacts du changement climatique », estimant que « les engagements actuels » des Etats dans le cadre du suivi de l’accord de Paris sont « totalement inadéquats et pourraient conduire à un Arctique plus chaud de 10 degrés qu’actuellement ».
Des incendies ont également ravagé cet été l’Ouest des Etats-Unis et de vastes zones de la forêt amazonienne, où ils ont toutefois baissé en août par rapport à la même période en 2019, lorsqu’ils étaient au plus haut depuis neuf ans.
Copernicus avait estimé au niveau mondial que l’année 2019 avait été « dans la moyenne » en matière de feux de forêt, malgré des épisodes « sans précédent » dans certaines régions du monde, comme déjà la Sibérie. L’organisme européen avait estimé les émission dues à ces feux à 6.735 mégatonnes de CO2, soit plus qu’une année d’émissions des Etats-Unis (un peu plus de 5.100 mégatonnes).
Ce chiffre représentait une légère remontée sur 2018 (un peu moins de 6.000 mégatonnes) mais confirmait la tendance globale à la baisse des émissions totales liées aux incendies depuis le début des années 2000, quand elles dépassaient 8.000 mégatonnes, avait alors relevé Copernicus.