Dans le viseur d’Orthongel, qui regroupe les armements français de pêche au thon tropical, l’article du règlement relatif à la marge de tolérance sur les estimations de capture et de débarquement, qui, en l’état, « met les armements dans une situation d’infraction systématique », affirme l’interprofession dans un communiqué.
Le règlement actuel prévoit que les patrons pêcheurs estiment « de façon précise, avec une marge d’erreur maximale de 10% par rapport aux notes de ventes définitives, les quantités de thon capturés puis débarqués par espèce (albacore, patudo, listao) », a indiqué Orthongel.
« On demande au commandant de faire une estimation par espèce de ses captures au moment de la pêche, or il n’a pas les moyens objectifs pour faire cette estimation », a déclaré Yvon Riva, président d’Orthongel, dans un entretien avec l’AFP.
Les thoniers français qui croisent dans l’océan Indien ou dans l’océan Atlantique peuvent pêcher en une fois 100 à 150 tonnes de poissons, rendant difficile voire impossible une estimation précise par espèces — contrairement à d’autres bateaux proches des côtes européennes et qui pêchent moins de poissons par prise.
« Nous sommes avec des températures, localement, qui tournent autour de 40 degrés, en zone tropicale, et on doit préserver le côté sanitaire pour l’alimentation humaine, donc il est impératif que les opérations de sortie de poisson du filet pour l’embarquer et le faire arriver dans les cuves de congélation à bord soient le plus court possible », a expliqué M. Riva.
Alors que l’Europe doit mettre au point un nouveau règlement d’ici la fin de l’année, les pêcheurs français souhaitent obtenir un amendement qui prévoit que la marge d’erreur s’applique à la totalité des captures et non par espèce. Une dérogation dont bénéficient déjà les pêcheurs de petits poissons pélagiques en mer du Nord, selon M. Riva.
En cas de sanctions, les bateaux peuvent être arrêtés théoriquement sur une période d’un mois, voire définitivement.
« On ne conteste pas la notion de contrôle, on est d’accord pour qu’il y ait un contrôle sur nos captures, la seule chose qu’on conteste, c’est les modalités du contrôle actuel totalement inadaptées à notre activité », a conclu M. Riva.