Après un premier engagement des pays européens en 2016, à Catane en Sicile, l’Union européenne (UE) et sept pays de la Méditerranée se sont engagés le 31 mars 2017 pour les dix prochaines années à « sauver » des stocks de poissons fortement menacés dans des eaux appauvries par la surpêche et touchées par la pollution.
Premier résultat concret de cet engagement, un plan pour la durabilité de la pêche en Méditerranée, actuellement en discussion au Parlement européen, et dont la première mouture doit être présentée vendredi aux acteurs de la pêche française.
« Faisons un cadre général, mais laissons une chance à l’échelon régional, pour que les pêcheurs concernés, avec les scientifiques, puissent trouver des modes de gestion spécifiques », a déclaré à l’AFP Hubert Carré, directeur général du comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM).
Saluant la démarche européenne, spécifiquement tournée vers la Méditerranée, il a souligné que la gestion des stocks « n’a rien à voir avec celle en mer du Nord », en termes de taille de la flotte et de brassage des eaux.
Pas plus tard que vendredi dernier, l’ONG WWF a d’ailleurs alerté sur la concentration de miettes de plastique qui asphyxient cette mer quasi-fermée, dont le renouvellement prend un siècle, selon M. Carré.
« 90% des ressources évaluées sont surexploitées ou en déséquilibre écologique », a rappelé à l’AFP Jean-Marc Fromentin, directeur de recherche à l’Ifremer de Sète.
Le CNPMEM a souligné qu’une grande majorité des espèces présentes dans le Golfe du Lion ne sont pas évaluées, empêchant d’avoir une vision exacte de ce qui se passe exactement dans l’eau.
« Il y a pas mal de ressources (d’espèces de poisson) qui ne sont pas évaluées, faute de données, a confirmé M. Fromentin, en nuançant aussitôt: « Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas surexploitées ».
Régulièrement pointée du doigt, la surpêche, donc, « n’explique pas tout », a relevé Hubert Carré, ce qu’a confirmé M. Fromentin, même s’il a rappelé que des espèces comme le merlu ou le rouget sont notoirement surexploités.
– De nombreuses espèces non évaluées –
Tous deux ont pointé du doigt des problèmes liés à la mauvaise qualité du phytoplancton, nourriture des petits poissons comme la sardine ou l’anchois, dont la taille et l’apport énergétique se sont dégradés ces dernières années.
Deux projets de recherche menés par l’Ifremer dans le Golfe du Lion tentent de faire la lumière sur les origines de cette dégradation de la chaîne alimentaire, qui pourrait être naturelle et/ou liée à la pollution.
Parmi les pistes avancées pour reconstituer la ressource, « le plan prévoit une mise en place de quotas de jours de mer pour les chalutiers à l’adoption du plan, quota qui sera défini en conseil des ministres », a indiqué à l’AFP le comité national des pêches (CNPMEM), avant adoption courant 2019.
Un quota de jours de mer pour les chalutiers, a d’ores et déjà été mis en place côté français, précise cependant le CNPMEM.
M. Fromentin a rappelé qu’il y a tout de même quelques « ressources qui vont mieux comme le thon rouge », qui sera au centre d’une table ronde, lors de ces assises.
En ce qui concerne le Brexit, et ses conséquences éventuelles pour l’accès des pêcheurs français aux eaux britanniques, « il y a toujours autant d’inquiétude » au sein de la filière pêche, selon Hubert Carré.
Toutefois, « pour l’instant, les revendications des pêcheurs européens et des pêcheurs français ont été entendues et les pêcheurs remis dans un paquet global » des négociations, a-t-il estimé.
Plus largement, les Assises de la pêche se pencheront sur de nombreuses autres questions cruciales pour le devenir de la filière dans son ensemble, comme l’attractivité des métiers de la pêche qui peinent à recruter, l’évolution des attentes sociétales, les innovations en matière d’aquaculture ou les plans de filière élaborés dans le cadre des Etats généraux de l’Alimentation (EGA).