Depuis leur création, les pôles de compétitivité Mer Bretagne Atlantique et Mer Méditerranée ont labellisé près de 450 projets innovants, correspondant à un investissement privé et public de plus d’un milliard et demi d’euros.
« On est au service de l’économie bleue, et surtout on espère la développer pour que ça devienne une croissance bleue demain », assure à l’AFP Patrick Baraona, directeur du Pôle Mer Méditerranée.
« C’est une vraie réussite ! » se félicite Patrick Poupon, son homologue breton, mettant en avant la « vision intégrée du maritime » propre aux pôles et « de plus en plus partagée par les institutionnels et acteurs du maritime ».
Les Pôles Mer font partie des 71 pôles de compétitivité créés à partir de 2004 en France autour d’un thème et d’un territoire et réunissant entreprises, laboratoires de recherche et établissements de formation. A titre d’exemple, les Pôles Mer concentrent 90% de la recherche et de la formation françaises en science et techniques de la mer.
« On a trouvé des gens dynamiques et compétents, qui connaissent le sujet de la mer et les arcanes de ses financements », témoigne le navigateur Yves Parlier à la tête d’un projet destiné à doter les navires – du chalutier au cargo – d’ailes géantes inspirées du kitesurf afin de réduire leur consommation en carburant.
Extraire des molécules prometteuses dans la lutte contre le cancer en étudiant le requin roussette, améliorer les carènes des navires pour les rendre économes en énergie, affiner le dessin des chaluts pour une meilleure sélectivité des prises… en dix ans, le Pôle Mer Bretagne Atlantique, qui compte 330 membres, a labellisé 213 projets pour un investissement de 720 millions d’euros.
« Il y a toujours un petit grain de folie derrière tous ces projets », fait remarquer dans un sourire Patrick Poupon.
– « Navires du futur » –
Le Pôle Mer Méditerranée n’est pas en reste avec 381 membres et la labellisation de 259 projets depuis sa création, pour un budget total de 684 millions d’euros.
Moyennant quoi, la France – dont l’économie maritime représentait en 2014 69 milliards d’euros de valeur de production et 302.000 emplois directs, selon le Cluster maritime français (CMF)- espère capter une part significative des marchés émergents liés au maritime.
« La France maritime s’est mise en mouvement il y a une dizaine d’années », juge Francis Vallat, fondateur et président d’honneur du CMF, soulignant « le travail assez remarquable » fait par les Pôles mer.
Deux structures au services du développement dans des domaines aussi variés que les énergies marines renouvelables (EMR), l’extraction de minéraux marins, les biocarburants d’origine algale, la pêche et l’aquaculture, la sécurité et la sûreté, l’aménagement du littoral ou le naval et le nautisme, avec des projets de « navires du futur » sûrs, propres et plus économes.
D’ici 2020, ces marchés devraient générer près de 450 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel au niveau mondial, selon une étude du cabinet Indicta réalisée pour le Gican, le Groupement des industries françaises de construction et activités navales.
« Avec les Pôles on est dans un cycle de mobilisation des entreprises et de la recherche qui est positif, maintenant en termes de réalisations concrètes et de croissance bleue c’est difficile à évaluer », analyse Paul Tourret, directeur de l’Institut Supérieur d’Economie Maritime (ISEMAR) de Nantes.
« C’est un peu le problème de la croissance bleue d’une manière générale », souligne-t-il, évoquant un « processus d’innovation, de recherche et de développement assez techniques et pas forcément très visibles ».