Les EMR sont « une des filières d’avenir sur lesquelles les ports cherchent à se positionner », assure le délégué général de l’Union des Ports de France (UPF), Geoffroy Caude, dans un entretien à l’AFP, citant Le Havre, Cherbourg, Brest et Saint-Nazaire.
« C’est là que se font les appels d’offres » liés à ces énergies, souligne-t-il, évoquant les appels à projets lancés par l’Etat pour des parcs éoliens au large du Tréport et de Fécamp (Seine-Maritime), Noirmoutier (Vendée), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Courseulles-sur-mer (Calvados) et Saint-Brieuc (Côtes d’Armor).
Les énergies fossiles ont représenté jusqu’ici près de la moitié des trafics portuaires des grands ports maritimes, mais la contraction de la demande en produits pétroliers et la fermeture de raffineries en France « posent des enjeux importants de reconversion industrielle », souligne l’UPF dans un document transmis à l’AFP.
Selon la fédération professionnelle, les ports peuvent proposer des terrains aménagés et des plateformes logistiques aux industriels en quête de vastes espaces où construire et assembler leurs machines, ainsi que des quais renforcés. Une éolienne peut peser jusqu’à 1.500 tonnes et mesurer près de 200 mètres, en bout de pale, au-dessus du niveau de l’eau.
« Nous sommes persuadés que cette filière a un avenir, donc nous anticipons et réalisons les travaux pour être prêts au moment où elles seront prêtes également », assure le président du Conseil régional de Bretagne, Pierrick Massiot, lors d’un entretien à l’AFP.
« atout extraordinaire »
Des investissements dont se réjouissent les industriels. « Les ports sont au rendez-vous! » se félicite Nicolas Serrie, directeur France pour l’éolien en mer chez Alstom.
La Bretagne mise sur le développement du port de Brest, dont elle est propriétaire, avec un projet de quelque 170 millions d’euros destiné notamment à accueillir à l’horizon 2016 sur 36 hectares de polder de nouvelles activités industrielles liées à l’éolien en mer (posé et flottant) et à l’hydrolien, ainsi que, dans un second temps, à l’houlomoteur, qui consiste à tranformer l’énergie des vagues et de la houle en courant.
« Brest réunit des conditions telles que nous serions fautifs si nous ne travaillions pas comme nous le faisons pour essayer de développer cette filière », insiste Pierrick Massiot.
Du côté des autres ports, le son de cloche est le même: « Il y a un atout extraordinaire à jouer à Cherbourg et en Basse-Normandie au titre de la transition énergétique », se réjouit le maire socialiste de la ville Jean-Michel Houllegatte.
L’investissement est un peu moindre à la pointe du Contentin, mais reste conséquent avec 100 millions d’euros sur quatre ans pour créer un quai renforcé et un terre-plein de 39 hectares.
Le port de Cherbourg se positionne sur l’éolien posé en mer et l’hydrolien –les deux filières les plus matures–, en complémentarité avec celui de Nantes Saint-Nazaire et en lien avec Alstom.
Le géant français compte se doter d’ici 2015 de deux usines à Saint-Nazaire et de deux autres à Cherbourg. Des usines situées sur des sites portuaires qui, avec un centre d’ingénierie, devraient générer un millier d’emplois directs et 4.000 indirects, selon le groupe.
Le secteur des EMR pourrait aboutir à la création de 10.000 emplois en France au cours des cinq prochaines années, dont une partie importante dans les ports, selon Jean-Marie Carnet, délégué général du Groupement des industries de construction et activités navales (GICAN).
« Il y a des complémentarités » entre ports, assure le maire de Cherbourg, soulignant néanmoins qu’il existe aussi des « stratégies d’alliance et de mutualisation ». Cependant, « il y aura de la place pour tout le monde », prédit-il, indiquant qu’il revient à chaque port « d’être le meilleur en fonction de sa spécificité et de son identité ».
Les ports de Bordeaux (hydroliennes fluviales), Dunkerque (éoliennes posées en mer) et Marseille (éoliennes flottantes), ainsi que ceux de l’Outre-mer (énergie thermique des mers) se positionnent également sur le secteur des EMR, selon l’UPF.