Les producteurs antillais de bananes dénoncent des « fausses » bananes bio

Ils affirment que ces fruits sont produits avec des produits phytosanitaires interdits par l’Europe.

Au sein du pavillon des Outre-mer, le stand de la banane de Guadeloupe et de Martinique est toujours en bonne place. Mais ses 600 producteurs, réunis au sein de l’UGPban, l’Union des groupements de producteurs de bananes, sont en colère: ils font face à « des pratiques trompeuses » qui les pénalisent au sein de l’Union européenne, ont-ils expliqué lors d’une conférence de presse.

« Nous considérons que les bananes dites bio importées en Europe ne sont pas bio au regard des normes européennes », explique Eric de Lucy, président de l’UGPBan.

Ces bananes, venues par exemple du Costa-Rica, de République dominicaine, de Colombie ou du Pérou, sont labellisées bio selon la règlementation de leur pays d’origine et sont ensuite considérées bio en Europe par équivalence, sans être réellement conformes aux normes bio européennes, insiste-t-il. Elles sont parfois traitées avec des substance actives non autorisées en Europe ou avec des épandages aériens, eux aussi interdits.

Il y a 60 organismes certificateurs agréés par l’Europe pour décerner le label bio mais « il y a +des trous dans la raquette+ et ils contrôlent surtout la conformité à la règlementation du pays d’origine », note Sébastien Zanoletti, consultant en agriculture durable pour l’UGPban et l’Institut technique tropical. Ainsi, dans ces pays, « ils peuvent utiliser 25 produits phytosanitaires, dont 14 ne sont pas homologués en Europe », dit-il.

« La Commission européenne dit qu’on a raison et que l’Europe doit exiger que les produits dit bio importés soient en conformité avec les règles de production bio européennes », insiste M. de Lucy. Mais le Parlement préfère « un système d’équivalence », déplore-t-il.

Il souligne que « les règles bio européennes sont les plus sévères au monde ». La banane de Guadeloupe et de Martinique n’est d’ailleurs pas certifiée bio – même si elle essaie de s’en rapprocher – car la règlementation européenne est adaptée à une agriculture continentale et européenne, loin du climat tropical humide des Antilles et des parasites tropicaux, qui nécessitent l’usage de certains produits phytosanitaires.

« On a pourtant fait des efforts », souligne Sébastien Zanoletti. « Entre 2006 et 2016, on a réduit de 61% l’usage des pesticides, et la biodiversité est revenue dans les bananeraies ».

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