L’issue pour la SNCM sera politique, selon le président du directoire

« Je considère aujourd’hui qu’il existe une solution pour la SNCM. Elle existe sur le plan économique, sur le plan juridique, mais elle ne peut être mise en oeuvre que s’il y a une volonté politique », a indiqué Marc Dufour dans un entretien à l’AFP.

« Aujourd’hui, il y a un bras de fer entre Veolia et l’État. Nous, on est otages de ça », regrette le patron de la SNCM.

Pour lui, l’État et Veolia, actionnaires de la SNCM, étaient au courant de l’épée de Damoclès des condamnations européennes qui planait au-dessus de la compagnie. « Il y a beaucoup de reniements dans ce dossier », soupire-t-il.

« D’abord l’Europe, qui valide les aides publiques, et revoit sa copie six ans après ».

Puis l’État, « qui savait que dans la convention de privatisation, ces deux contentieux étaient visés par deux clauses résolutoires ».

Et « Veolia, qui savait que ces contentieux pesaient sur l’entreprise, a considéré que c’était l’affaire de l’État, donc a validé notre plan à long terme de redressement. Maintenant, on me dit qu’à cause de ces condamnations (…) on va tout arrêter », continue-t-il.

Bruxelles a condamné la compagnie marseillaise à rembourser 440 millions d’aides liées à sa privatisation en 2005 et à la délégation de service public (DSP) de desserte de la Corse.

Mais pour le patron de la SNCM, l’État n’a pas mis « tous les moyens en oeuvre. Il faut mener très vite une discussion avec l’Europe qui n’a pas été entamée. Techniquement, juridiquement et politiquement, avec la commission, comme font tous les États quand il y a pareille affaire ».

« on attend que cette entreprise aille dans le mur »

C’est en 2010 que Marc Dufour arrive à la tête de la SNCM. « A la demande de l’État et de Veolia », souligne-t-il.

Les actionnaires lui exposent le problème: « nous ne savons pas précisément si (la SNCM) a un avenir ». Et lui demandent si « elle est viable? Si oui, à quelles conditions et à quel coût? Et à qui peut-on la céder dans le cas où on pourrait la redresser? »

« La volonté était connue que Veolia n’avait pas l’intention de rester de manière pérenne l’actionnaire de la SNCM. J’ai répondu à la première question au bout de quelques mois. Oui cette entreprise est viable, mais il faut modifier totalement son modèle économique, et social, et faire évoluer le produit ».

Son plan de sauvetage doit permettre d’économiser 70 millions d’euros par an et d’atteindre la rentabilité en deux ans, via notamment la suppression de 500 postes.

« Ce plan a été amélioré, vérifié, contrôlé, par au moins quatre équipes de consultants différents, par les services de l’État aussi. Il a été validé par le conseil de surveillance », note-t-il encore, saluant « le chemin de réforme (que la SNCM) a accepté ».

Ce gaillard à l’accent chantant n’est pas tendre avec l’État. Il lui reproche encore son manque d’action face à la collectivité territoriale de Corse, à qui la SNCM réclame plus de 60 millions d’euros pour des créances impayées.

Quant à Veolia, Marc Dufour la considère comme « victime de cette affaire-là. Pour sortir du guêpier, ils veulent tuer la boîte. Je conteste cette décision, mais au fond il n’est pas normal que Veolia soit seule responsable de cette situation qui a été créée, je le rappelle, à une époque où l’État était seul actionnaire, et qu’il s’était engagé de régler dans l’accord de privatisation ».

Et au final, les deux actionnaires ne cessent de se renvoyer la balle, déplore l’ancien PDG d’Air Littoral. « On attend, c’est +je te tiens, tu me tiens par la barbichette+. On attend que cette entreprise aille dans le mur ».

jul/cb/gib

VEOLIA ENVIRONNEMENT

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