« La guerre de Poutine pourrait durer des mois et des années », a souligné la cheffe de la diplomatie Liz Truss au Parlement, s’adressant aux Ukrainiens: « Nous sommes prêts à faire des sacrifices économiques pour vous soutenir, peu importe le temps que cela prendra, et nous ne nous arrêterons pas tant que la souveraineté de l’Ukraine ne sera pas rétablie ».
Après avoir visé plusieurs institutions financières la semaine dernière puis lundi matin la banque centrale et le ministère des Finances russes, Londres compte geler « dans les jours à venir » les avoirs sur son territoire de toutes les banques russes.
Cette mesure figurera dans une nouvelle législation, qui permettra d’empêcher des banques, dont le géant public Sberbank, de commercer en livres sterling et de bloquer l’accès aux marchés financiers, longtemps prisés des milieux d’affaires russes, à trois millions d’entreprises russes.
« Plus de 50% des échanges commerciaux russes étant réalisés en dollars ou en livres sterling, nos mesures coordonnées avec les Etats-Unis vont réduire la capacité de la Russie à faire du commerce », a assuré Mme Truss, promettant également de viser plus d’oligarques en visant « leurs maisons, leurs yachts et tous les aspects de leurs vies ».
– Johnson en Pologne et en Estonie –
Longtemps accusé d’avoir fermé les yeux sur l’origine des flots d’argent investis dans la City ou dans les propriétés de « Londongrad », le gouvernement a déjà interdit de son sol plusieurs milliardaires proches du Kremlin la semaine dernière. Mais la pression est forte pour aller plus loin et des élus ont réclamé par exemple de viser Roman Abramovitch, propriétaire du club de foot de Chelsea.
Sans attendre, ce dernier a décidé de céder le contrôle du club aux administrateurs de la fondation caritative de Chelsea, dont il a financé le succès depuis 2003.
Signe de la pression actuelle sur les milieux d’affaires, le Russo-Britannique Evgeny Lebedev, fils de l’ancien agent du KGB devenu milliardaire Alexandre Lebedev, a publié un texte en Une du quotidien gratuit Evening Standard, qu’il contrôle, pour demander la fin de l’invasion.
Après avoir fermé son espace aérien aux avions russes dès la semaine dernière, le gouvernement a également ordonné aux ports du Royaume-Uni d’interdire l’accès aux navires battant pavillon russe, ou affrétés ou contrôlés par des Russes.
Le Premier ministre britannique, qui se rendra mardi en Pologne et en Estonie, a réuni son conseil des ministres lundi matin pour évoquer les mesures annoncées ces derniers jours contre Moscou, estimant que Vladimir Poutine avait fait « une erreur colossale » et sous-évalué à la fois la résistance ukrainienne et l’unité occidentale, selon son porte-parole.
Ces sanctions britanniques « sont conçues pour faire tomber le régime de Poutine », a précisé ce porte-parole, avant, poussé à s’expliquer, de rétropédaler. « Nous ne cherchons rien en termes de changement de régime. Ce dont il est clairement question ici, c’est de la manière dont nous arrêtons la Russie ».
Sur le plan humanitaire, Londres a promis d’envoyer de l’aide à l’Ukraine et a assoupli les conditions d’entrée sur son territoire pour les familles de résidents au Royaume-Uni, ce qui pourrait permettre d’accueillir jusqu’à 100.00 personnes.
Mais la ministre de l’Intérieur a refusé une levée des exigences aussi large que celle annoncée par les Européens, invoquant des raisons de sécurité.
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