L’Otan a lancé en janvier l’opération Baltic Sentry pour surveiller cette mer du nord de l’Europe avec des navires de guerre et des avions après la dégradation de plusieurs câbles sous-marins.
Cette organisation occidentale a entamé en parallèle une expérimentation pour y ajouter un « complément robotique », a raconté jeudi l’amiral français Pierre Vandier, le commandant suprême allié Transformation (SACT), l’un des deux commandants stratégiques de l’Alliance.
– « Des essaims de drones » –
« Le but était de faire une expérimentation à échelle majeure pour démontrer qu’on pouvait faire des essaims de drones de surface », a-t-il expliqué à la presse.
Dans le cadre de cette expérimentation, menée pendant un mois et en passe de s’achever, une quarantaine de drones de surface et « une trentaine d’objets complémentaires, sous-marins et aériens » ont été mis en oeuvre, a-t-il précisé en montrant les images prises par un de ces drones d’un bâtiment de guerre russe escortant un bateau de la « flotte fantôme ».
Ces navires permettent à la Russie d’exporter son pétrole malgré les sanctions. Ils sont régulièrement accusés par les Européens d’endommager – volontairement ou non – des câbles sous-marins, tout en constituant une menace environnementale.
En décembre, le câble électrique Estlink 2 et quatre câbles de télécommunications reliant la Finlande à l’Estonie et reposant sur le fond de la mer Baltique ont été endommagés. Les enquêteurs soupçonnent qu’ils l’ont été par l’ancre de l’Eagle S, un pétrolier battant pavillon des îles Cook qui ferait partie de cette « flotte fantôme ».
– « Révolution conceptuelle » –
Les drones de cette « Task Force X » de l’Otan opèrent de trois sites situés respectivement à Gniben au Danemark, sur l’île suédoise de Gotland et à Upinniemi, en Finlande.
L’objectif est maintenant de proposer aux pays de l’Alliance atlantique riverains de la Baltique d’acquérir ces matériels.
« On est en train de discuter avec eux pour pouvoir accélérer la mise en place d’une flotte commune de drones », a affirmé l’amiral Vandier, selon qui « si chacun des huit pays de la Baltique en achète dix, on a 80 drones qui vont opérer quasiment H24 avec des effets de coûts sur le maintien en condition navale qui sont énormes ».
L’opération Baltic Sentry coûte quatre à cinq millions d’euros par jour, l’expérimentation d’un mois avec les drones a coûté dix millions d’euros.
« Le drone ne remplacera pas le bateau (…). En revanche, on va démultiplier les effets, c’est-à-dire qu’avec le même nombre de bateaux, on va regarder beaucoup plus de choses », a assuré l’officier.
L’expérimentation a été montée en 30 jours via un appel d’offres auquel ont répondu 70 entreprises, dont 20 ont été sélectionnées.
Pour l’Otan, c’est une « révolution conceptuelle »: « on n’est pas rentré par les spécifications militaires », le besoin militaire à satisfaire, mais « on prend ce qu’il y a sur l’étagère (et) on teste », a-t-il souligné, faisant état de résultats « très intéressants ».
Devenue un « lac otanien » avec l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Otan, « la Baltique, Saint-Pétersbourg, c’est entre 50 et 60% des approvisionnements économiques de la Russie », a rappelé jeudi le chef d’état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard, devant les députés.