« Nous sommes en train d’évaluer les besoins avec les autorités libyennes. Ce processus va avoir lieu dans les mois qui viennent », a dit Mme Mogherini en arrivant à une réunion des ministres de la Défense de l’UE à La Valette.
« Il s’agit de matériel non militaire », a-t-elle ajouté, soulignant que l’Italie pourrait, par ailleurs, rendre prochainement à la Libye des patrouilleurs retenus dans ses ports depuis des années en raison de l’embargo décrété contre le régime de Mouammar Kadhafi.
L’UE a déjà formé, grâce à l’opération navale Sophia au large de la Libye, une centaine de garde-côtes dans l’objectif d’intensifier la lutte contre le trafic de migrants au départ de ce pays.
Depuis le début de l’année, 1.092 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée, selon l’ONU, qui a constaté une hausse de près de 45% des arrivées en Italie sur un an, à plus de 36.900.
Le gouvernement d’unité nationale (GNA) libyen a fait parvenir à l’UE une « liste de courses » de grande ampleur dans laquelle il détaille ses besoins pour équiper ses garde-côtes.
Dans ce document, révélé par la radio allemande ARD, le GNA demande aux Européens 130 navires, dont certains armés et longs de plus de 100 mètres, mais aussi des radars, des radios, des gilets pare-balles ou des ambulances.
Mais deux rapports préliminaires internes à l’UE – rédigés par l’agence Frontex et la mission d’assistance aux frontières EUBAM -, consultés jeudi par l’AFP, soulèvent toutefois de nombreuses difficultés.
Pour couvrir la zone côtière de près de 300 km d’où opèrent principalement les passeurs, quelque 25 navires patrouilleurs suffiraient, selon Frontex.
En outre, la Libye ne possède pas, à ce stade, de personnel et d’ingénieurs suffisamment formés pour manier et entretenir de tels navires.
Il faudra aussi et surtout s’assurer que les garde-côtes pourront bien être déployés dans les zones côtières (autour de Sabrata et Zouara notamment) d’où partent les embarcations chargées de migrants, selon EUBAM.
« La plupart des tragédies ont aujourd’hui lieu près de la côte libyenne », a souligné Mme Mogherini. « Nous essayons de renforcer les Libyens (…) pour régler le problème des passeurs et sauver des vies », a-t-elle insisté.
Plusieurs Etats membres de l’UE sont toutefois réticents à équiper aussi lourdement les garde-côtes, alors que le GNA ne contrôle que certaines zones de Libye. Certains craignent même que les navires puissent être détournés pour participer au trafic de migrants.
« La situation politique en Libye est très fragile, donc c’est très difficile », a admis la ministre néerlandaise de la Défense Jeanine Plasschaert en arrivant à La Valette.