« Une fois adoptée et entrée en vigueur, (la charte) marquera sans nul doute, une nouvelle étape décisive dans la dynamique de préservation de l’environnement marin sous toutes ses formes », a déclaré Idriss Déby, président en exercice de l’UA dans son discours d’ouverture officielle du Sommet.
Cette charte, a-t-il ajouté, »permettra également de promouvoir le commerce, l’exploitation des immenses potentialités du domaine maritime, ainsi que la création de richesses et d’emplois dans plusieurs secteurs ».
Le président tchadien a rappelé qe sur « 54 pays que compte l’Afrique, 38 sont des Etats côtiers ». 90% des importations et exportations transitent par la mer et un nombre important des corridors commerciaux maritimes les plus stratégiques se trouvent dans l’espace maritime africain, selon lui.
43 pays sont représentés dans la capitale togolaise, dont 18 par leur chef d’Etat, sur les 54 pays que compte l’Union africaine.
– Des enjeux internationaux –
Un chiffre important pour un sommet extraordinaire de l’UA, démontrant l’enjeu crucial de la rencontre.
« Les enjeux ne sont pas seulement africains, ils concernent également nos partenaires stratégiques et la communauté internationale dans son ensemble », a déclaré à son tour Faure Gnassingbé, président togolais et hôte la rencontre.
Alors que la situation s’est apaisée dans le Golfe d’Aden, à l’est du continent, c’est désormais le Golfe de Guinée – et ses 5.700 km de côtes – qui fait figure de nouvel épicentre de la piraterie maritime en Afrique.
Au moins 27 attaques de bateaux (vols, kidnappings ou tentatives échouées) ont été recensées par l’Organisation maritime internationale (OMI) depuis avril sur les côtes d’Afrique de l’Ouest, particulièrement au large du Nigeria, contre deux seulement en Afrique de l’Est.
Du Sénégal à l’Angola, les 17 pays du golfe de Guinée – dont les capacités de surveillance et de défense maritime sont limitées et disparates – tentent depuis quelques années de renforcer leurs moyens d’intervention et de mettre en place une collaboration régionale plus étroite.
Des centres de coordination régionaux commencent à apparaître, mais les progrès sont lents et les moyens limités, d’où l’idée de se doter d’une charte contraignante, qui instituerait notamment un mécanisme de financement.
« L’Afrique est plus exposée que les autres continents pour la simple raison qu’elle a très peu de compétences et de moyens pour faire face à cette situation », avait observé vendredi Idriss Déby, en visite sur le Dixmude,l’un des trois bâtiments de projection et de commandement (BPC) de la marine française, actuellement dans les eaux du Golfe d’Afrique de l’Ouest.
« Nous sommes dans une phase de +maritimisation du monde+: 90% du trafic internet se passe sous les mers, 90% du trafic mondial se passe sur les mers », a souligné samedi le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian venu apporter à Lomé le soutien de la France à ses partenaires africains.
« Maritimisation » des échances « mais aussi des menaces », a ajouté le ministre français. « Que ce soit la piraterie ou les menaces de puissances, par leur volonté d’acquisition des espaces marins (…), il faut anticiper ».
La France est présente depuis 1990 dans les eaux internationales d’Afrique de l’Ouest, notamment pour protéger ses quelque 80.000 ressortissants dans la région ainsi que ses nombreux intérêts économiques mais aussi pour travailler à la formation des marines locales.
« On accompagne les marines africaines pour qu’elles s’autonomisent, qu’elles s’émancipent », explique le capitaine de vaisseau Eric Lavault, commandant le Dixmude.
Toutes les grandes puissances internationales sont présentes dans les eaux au large de l’Afrique, mais ce sommet africain indique aussi que le continent a décidé de s’organiser autour d’une thématique commune pour que, à terme, les pays puissent coopérer.
« Flux pétroliers, pêche, tourisme, logistique, « l’économie maritime est pour nous considérable. La mer est le secret le mieux gardé d’Afrique », a souligné vendredi l’ancien Premier ministre béninois Lionel Zinsou devant quelques journalistes.